INTRODUCTION
Avant toute chose, je tiens à préciser que cette thèse ne
s’inscrit pas dans un travail universitaire comme beaucoup en font
automatiquement l’association. Si l’on suit la définition du mot thèse donnée
par le dictionnaire Larousse ; «
proposition théorique, opinion, position sur quelque chose dont on s'attache à
démontrer la véracité », mon travail peut tout à fait recevoir ce titre
sans avoir à être validé par une quelconque ‘‘autorité’’. Avec une liberté de
pensée sans limites, sans concessions et, surtout, sans avoir à rendre de
compte à qui que ce soit, nous pourrons étudier toutes les matières de notre
choix, sous n’importe quel angle. La désinvolture ne pourra jamais se troquer
contre une quelconque reconnaissance du système, elle n’en a pas besoin et n’en
a que faire. C’est donc grâce à la culture de mon indépendance intellectuelle
que des idées originales ont pu fleurir, s’épanouir et se révéler en dehors de
la plantation dans laquelle notre curiosité est enfermée habituellement. Être
vivifié d’une telle ouverture d’esprit est une bénédiction et j’aimerais, sans
avoir à en rougir, partager avec vous la rose de sa quintessence.
~
La genèse de cette thèse a pris forme le jour où mes yeux
se sont tournés vers le ciel. Du moins, la nuit où je pris conscience que la
voûte étoilée tournait inexorablement autour d’un point fixe, comme le ferait
une roue autour d’un essieu. En contemplant ce spectacle grandiose, jamais je
n’aurais cru que mes candides réflexions sur les rouages du cosmos me
pousseraient à étudier une pléiade de disciplines reliant l’astronomie aux
sphères, apparemment immobiles, de la minéralogie.
À l’aube de mon exploration, je me suis tourné vers la
science académique, malgré des découvertes probantes dans certains secteurs
comme celui de la physique quantique, j’y ai trouvé beaucoup de théories et
très peu de théorèmes. Une théorie, comme le précise le dictionnaire Larousse, est un système d'hypothèses
sous-tendant les interprétations des événements. Une théorie ne définit
donc pas des règles et des lois immuables. Et aussi surprenant que cela puisse
paraître, cet explicite constat semble pourtant avoir échappé à certains
acteurs de la communauté scientifique : ceux qui continuent à prendre les
vessies pour des lanternes. En effet, le dogme scientifique contemporain
s’appuie très souvent sur des théories complexes qui ne peuvent pas se
démontrer en dehors du langage mathématique, projetant le nec plus ultra de la
recherche vers des horizons de plus en plus surréalistes. D’autant plus que
dans ce genre d’architecture sémantique, les équations tendent à s’alimenter, à
s’intriquer et à se refléter les unes aux autres en cercle fermé, formant, par
la force des choses, un corps artificiel sur lequel on ne cesse de bâtir sans
plus se tourmenter de la solidité de ses fondations. En tout état de cause, la
science théorique pourrait alors se comparer à une tour de pise ; le corps
de l’édifice se maintient admirablement bien, mais menace néanmoins la totalité
de s’écrouler sous le poids de ses aberrations à chaque fois qu’une division y
est ajoutée. Les lignes de glyphes mises en exergue dans les équations sont,
certes, très impressionnantes pour le commun des mortels, mais comme le
soulignait René Guénon, elles s’éloignent de la réalité sensible qu’elles
prétendent expliquer. Actuellement, la théorie des cordes est sans aucun doute
l’exemple le plus révélateur pour confronter la complexité synthétique de la
mathématique face à la rationalité de l’environnement biologique. Pourquoi
continue-t-on à dépenser de l’énergie à l’étude des espaces qui n’ont aucune
réciprocité avec la métrologie de la vie terrestre ?
Avant de s’intéresser à des domaines invisibles à l’œil
nu, dans l’infiniment grand avec l’astrophysique comme dans l’infiniment petit
avec la physique des particules, peut-être que le gratin scientifique gagnerait
en authenticité s’il s’attardait davantage à réfléchir la nature et ses
manifestations avec le sérieux qu’on leur doit. C’est quand même paradoxal qu’à
l’aube du XXIème siècle, la physionomie de la vie reste toujours une
énigme des plus tenaces dans une communauté qui se nargue de côtoyer l’origine
de notre univers, peut-être devrait-elle redescendre d’un ton et s’occuper
davantage de l’essentiel : les causes (la cause ?) de la vie
mériteraient beaucoup plus d’attention que ses effets. En voulant nous
impressionner avec des abstractions conceptuelles, qui se démontrent uniquement
par des mathématiques et ne reposent dans l’absolu sur rien de concret, les
prestidigitateurs des universités, afin de masquer leur incompétence et leurs
lacunes sur le(s) principe(s) élémentaire(s) de la réalité observable, se
contentent de subjuguer leur auditoire ; leurs élèves et les amateurs de
science-fiction, avec une poudre aux yeux assurément fascinante. Le jour où la
science se penchera sur la loi qui interprète la croissance perpendiculaire du
tronc d’un arbre par rapport au sol, l’origine du stimulus qui ordonne aux
muscles du cœur de se contracter, puis de se relâcher ou sur l’analogie
polarisée entre les bronches d’un poumon et les branches d’un arbre – le
premier est à l’abri de la lumière solaire, il inspire de l’oxygène et expire
du dioxyde de carbone, le second absorbe du dioxyde de carbone et rejette de
l’oxygène sous l’influence direct du soleil - la science sera de nouveau en
symbiose avec l’univers primordial à l’échelle Humaine.
Au début du XXème siècle, Nikola Tesla (1856-1943) – le
visionnaire de la physique invisible – nous avait déjà mis en garde sur les
dérives mystificatrices de la science théorique, incarnée alors par Albert
Einstein, au journal américain le New York Times en 1931 : « Le travail de relativité d'Einstein est un magnifique déguisement
mathématique qui fascine, éblouit et rend les gens aveugles aux erreurs
sous-jacentes. La théorie est comme un mendiant vêtu de violet que les
ignorants prennent pour un roi ... Ses représentants sont des hommes brillants,
mais ce sont des métaphysiciens plutôt que des scientifiques. ». En effet, le cas de l’icône
transgénérationnelle de la science est plus que symptomatique pour révéler
le marasme intellectuel dans lequel nous baignons ; son génie relève plus de
l’ingénierie sociale que du génie authentique, car, en vérité, comme les plus
instruits le savent, Einstein doit les grandes lignes de sa renommée mondiale à
une théorie (la relativité générale) qu’il emprunta au physicien Français Henri
Poincaré (1854-1912). Avoir un spoliateur comme une référence adulée est un
signe des temps on ne peut plus représentatif. À l’heure où les ondes
électromagnétiques connectent tous les habitants de la terre, l’anachronisme
évident entre la technologie d’un téléphone portable et le moteur à essence
d’une voiture, dont la technologie de base est vieille d’à peu près cent
soixante-dix ans, est plus que risible et soulève une question à méditer en
toute honnêteté : est-ce que les travaux ‘‘scientifiques’’ portés au firmament
par un système sont-ils les seuls qui ne menacent pas l’hégémonie et la
prospérité du modèle économique de ce dernier ? La question mérite au
moins d’être creusée…
Prenez donc garde, si vous voulez porter la coiffe carré
(symbole des limites que votre réflexion ne peut pas franchir), afficher un
diplôme dans votre bureau et faire carrière, il est préférable d’éviter
certains sujets. Diriger vos recherches en dehors du cadre imposé par le
conformisme régalien, surtout lorsqu’elles s’attaquent aux théories des dieux
indétrônables du panthéon scientifique, est une erreur à ne pas commettre.
Malgré les impasses manifestes, il est aujourd’hui impensable de remettre en
cause les croyances structurelles de l’église scientifique, refuser de se
prosterner devant ses idoles signerait votre excommunion du cercle, la perte de
votre crédibilité et de votre respectabilité.
Comme nous n’avons rien à perdre, il est plus facile
d’être honnête et de mettre en lumière la frivolité de la physique
extraterrestre en ce qui concerne le premier intérêt de cette étude, celui
du déplacement des astres au-dessus de nos têtes. Bien que les astrophysiciens
soient toujours à des années-lumière de mettre en évidence la mécanique
sous-jacente à ces révolutions, ils s’obstinent, depuis des siècles, à désorienter
les chercheurs avec la loi universelle de la gravitation d‘Isaac Newton (1642-1726). L’équation
de cette théorie permet de calculer la chute d’un objet sur terre et donne une
solution mathématique pour expliquer l’équilibre entre deux corps célestes,
mais ne précise absolument pas le pourquoi de leur mouvement (régulier, qui
plus est). Depuis que le président de la Royal Society s’est prononcé sur la
loi de la gravité, aucun membre de l’establishment ne cherche à s’étendre, avec
un sérieux appliqué, sur la cause principale de la force de rotation vectorisée
par f dans
l’illustration ci-dessous, où la course orbitale de la Lune autour du centre de
la Terre est prise comme exemple. Cette force, pour reprendre la nomenclature
courante, n’est jamais prise en compte et c’est précisément là que le bât
blesse.
Si aucun élément de réponse sur l’origine de la force f ne peut être formulé, la gravité ne peut pas être validée
telle qu’elle est présentée par la cosmologie contemporaine, sans oublier
qu’aucun appareil ne peut la détecter et qu’aucun scientifique ne peut la
reproduire son champ en laboratoire. De toutes les interactions fondamentales,
et parce qu’elle échappe le plus à notre compréhension, cette soi-disant force
de cohésion reste l’un des plus épais mystères de la physique d’aujourd’hui. En
conséquence, il ne faut pas avoir peur de reconnaître que le manque de rigueur
scientifique qui entoure ce concept n’est pas rassurant sur la qualité de
l’expertise et affaibli les piliers sur lesquels sa réputation repose. Malgré
tout, des spéculations, toujours plus invraisemblables les unes que les autres,
continuent de fleurir sur la scène scientifique, mais en vérité, depuis la
théorie de la courbure de l’espace-temps et les hypothétiques particules
subatomiques du monde quantique appelées gravitons,
nous n’avons pas avancé d’un iota. Pourquoi ? Simplement parce que l’origine de
ce phénomène naturel reste toujours insondable avec la science de nos pairs.
Ils se contentent d’expliquer que la cinétique des corps célestes est la
réminiscence d’une hypothétique explosion originale : le fumeux
‘‘big-bang’’, présenté au monde par le jésuite Georges Lemaître à la fin du XIXème
siècle. La gravité newtonienne pose un autre problème majeur parce qu’elle
empêche l’unification entre la mécanique quantique et la théorie de relativité
générale. Soit ces deux théories sont incorrectes, soit l’une d’entre elle
l’est.
Une fois que nous avons conscience de ces non-sens et
accepté le fait que certaines théories sont actuellement enseignées comme des
vérités, il est plus simple de reconnaître que la science a perdu le cœur de la
beauté qui la définissait. Les heures glorieuses qui firent sa réputation sont
désormais derrière elle et les flambeaux qui la dissociaient de la religion
diffusent dorénavant une lumière plus que faiblarde. Richard Feynman (1918-1988), prix
Nobel de Physique en 1965 pour ses travaux sur le développement de
l'électrodynamique quantique, n’avait aucun problème à témoigner que : « La science est la croyance en l'ignorance
des experts. » Même si le modèle standard de l’astrophysique semble se
satisfaire, notre appréhension de l’univers reste toujours juvénile, incorrecte
et cousue de fils blancs. Le genre humain ne pourra jamais s’émanciper de son
âge de pierre cosmique si nous nous acharnons à vouloir construire, toujours
plus haut, sur les fondations d’une “science” qui a démontré ses limites et qui
relève plus de la théorie fantastique que du théorème empirique. C’est un fait,
la science a sombré dans des systèmes doctrinaux dont elle a du mal à faire
l’exorcisme et les garde-fous des universités, auréolés d’une vanité affichée,
ne manquent jamais une occasion de ridiculiser tout ce qui n’est pas issu de
leur champ des possibles. Une telle mentalité ne pourra jamais initier le
changement de paradigme dont le monde scientifique a besoin pour évoluer. Le
jour où notre approche fusionnera avec les principes à la source de la
création, peut-être que la nature nous révélera de nouveau les engrenages
utilisés par le régisseur de sa magistrale horloge.En
dépit de ce consensus, aussi agaçant soit-il, il ne faudrait surtout pas tomber
sous les projecteurs de l’extrémisme et rejeter toutes les théories d’un revers
de main, certaines sont dignes de notre intérêt parce qu’elles émanent
directement de la réflexion Humaine et de l’intelligence pure, sans être
exclusivement portées par des équations. Nous pensons particulièrement aux
notions quelque peu obscures d’énergie et de matière noire qui ont mis en
ébullition la communauté suite aux observations d’Edwin Hubble en 1929. Depuis,
beaucoup d’astrophysiciens pensent que l’expansion de notre univers sidéral
serait liée à un phénomène dynamique, invisible et intrinsèque à l’espace.
Considéré jusque-là comme vide à 96%, cet espace ne le serait pas du tout et
pourrait être rempli d’une substance énergétique indescriptible à notre monde
tangible, mais malgré tout interagissant avec celui-ci. Le vide serait donc
plein et ce plein, plus ou moins dense, serait animé par une sorte d’essence
animée que personne ne peut, pour l’instant, expliquer, mesurer ou reproduire.
Il n’est donc pas impossible que derrière le monde accessible aux sens de
l’homme se cache un continuum dont nous ignorons totalement l’existence. David
Böhm (1917-1992), un des pères de la physique quantique, déclara à ce sujet
: « L’espace n’est pas vide, il est
plein. L’univers n’est pas séparé de cette mer cosmique d’énergie noire ».
En rassemblant tous les éléments que nous venons
d’aborder, plusieurs questions fondamentales sur la cosmologie restent encore
sans réponse précise et objective :
-
Qu’est-ce
qui pousse la terre à tourner sur elle-même ?
-
Qu’est-ce
qui pousse la terre à tourner autour du Soleil ?
-
Qu’est-ce
qui pousse le système solaire à tourner autour du centre de la galaxie ?
-
Pourquoi
les planètes tournent-elles autour du Soleil sur un plan commun ?
-
Pourquoi
les planètes tournent-elles sur elles-mêmes ?
-
Pourquoi
peut-on prédire le mouvement et la position des astres avec une si grande
précision dans le temps ?
-
Pourquoi
la terre, le Soleil et toutes les planètes ont-elles toute la forme d’une
sphère ?
-
Suivant
la loi empirique de la physique action-réaction, quel type d’énergie est
consommé dans le mouvement des astres ?
-
Est-ce
possible que le mouvement circulaire de nos astres brillants soit une réaction
à l’action de cette mystérieuse énergie
noire ?
-
Est-ce
que les mystères qui entourent la mécanique de la gravité universelle ne
seraient-ils pas les effets observables d’une cause invisible au sein de l’énergie noire ?
À mon humble avis, si les astronomes en culotte courte
veulent trouver des solutions, j’ai comme l’impression que nos recherches
doivent s’orienter vers le cœur de cette abstraction du monde matériel que l’on
appelle énergie noire. Mais, sachant
que cet espace est invisible, inconnu et inexploré, comment serait-il alors
possible d’en franchir les portes et de l’appréhender ? Si la science moderne
avait atteint ses limites, vers où nous tourner ?
~
Les premières clefs qui débloquèrent l’accès au royaume
métaphysique de l’énergie noire me
furent donné, de façon totalement fortuite, par un livre écrit par le fameux
adepte Fulcanelli : le mystère des cathédrales et l’interprétation ésotérique des symboles
Hermétiques du Grand-Œuvre. Cet ouvrage, classique et incontournable en
matière d’alchimie, fut l’étincelle qui mit le feu aux poudres. En effet, lors
de sa première lecture, une essence mystérieuse vint embaumer mon esprit et,
malgré mon impuissance à fixer son parfum, l’arôme de cet ouvrage résonna de
manière significative en mon for intérieur. Il fallut que je relise ces
écritures maintes et maintes fois avant d’enfin comprendre que le langage ‘‘imagé’’, décrit et utilisé tout au
long de ces pages m’était plus que familier, parce que je pratiquais intuitivement,
sans savoir que cela existait, cette forme de communication depuis ma plus
tendre enfance.
Depuis des temps immémoriaux, la tradition donne à ce
moyen d’expression une multitude de noms selon la culture qui l’emploie. Sur le
vieux continent, on l’appelle volontiers la Cabale et la meilleure définition que
j’ai pu en trouver est celle-ci : « la Cabale est une langue d'espèce hiéroglyphique, jouant sur tous les
registres de l’expression : images, mots, lettres, nombres, sons, couleurs,
formes, poids, etc... Ainsi que sur des conventions secrètes, dont la métaphore
et les rébus emblématiques sont le type le plus répandu. Elle n'a pas de forme
propre ou particulière, et ne dépend que de la culture et de l'imagination de
ceux qui la mettent en œuvre ».
À la lueur de ces spécificités atypiques et quelque peu
déroutantes pour le commun des mortels, il est plus que certain que la Cabale
demande une éducation d’exception, de maître à disciple. C’est pour cette
raison qu’elle a toujours l’apanage d’une caste d’initié pour transmettre la
connaissance et ses secrets au nez et à la barbe du vulgaire. Même si les
cercles initiatiques populaires l’ont ‘‘oublié’’ depuis le siècles des
lumières, cet axiome linguistique s’est toujours habillé d’une enveloppe
universelle que les dieux continuent encore d’utiliser comme messager.
Aujourd’hui, malheureusement, la seule Cabale connue par l’atrophie de la
culture populaire occidentale et de la
maçonnerie spéculative est apparue dans la tradition rabbinique au XIIIème
siècle en Espagne par l’intermédiaire du Zohar (le livre des splendeurs).
Contrairement au consensus valorisé, la kabbale ou kabbalah, voir même qabbalah
pour servir une mystification plus efficace, n’est pas un courant original,
isolé et prépondérant, mais le simple reflet donné par la mystique juive d’une
tradition qui l’a précédée. D’ailleurs, le mot kabbale n’a rien de
sémitique puisqu’il tire son étymologie du grec kabbalès. Ceci dit, sous l’angle de l’anthropologie adogmatique, il devient
de plus en plus évident, au fur et à mesure que l’archéologie devient ce
qu’elle aurait toujours dû être, c’est-à-dire être détachée de la doctrine
réductrice de l’histoire imposée par le récit du pentateuque, que la cabale
était déjà pratiquée par les castes sacerdotales égyptiennes et chaldéennes
avant de se faire connaître à travers les murmures de la philosophie grecque. Afin
de restituer sa puissance universelle, les savants, ou autres experts modernes
en la matière, aiment plutôt employer le terme de Cabale Hermétique (en
l’honneur du dieu grec Hermès) au lieu de Cabale pour que cette dernière
ne puisse pas se confondre phonétiquement avec la kabbale et rectifiant
au passage les erreurs chronologiques de la croyance actuelle.
Quelle que soit sa syntaxe, cabbalus
en latin ou kabbalès
en grec, la Cabale se traduit dans les deux cas par l’animal emblématique de la
connaissance depuis l’antiquité : le cheval. Si Cabaliste et cavalier entretiennent une relation sémantique évidente, c’est qu’ils aspirent
tous les deux à savoir ménager la monture de la Cabale dans la
quête de la connaissance et de la sagesse. Cette ambition d’atteindre le Saint des Saints est incarnée, si Dieu lui accorde la bénédiction de
son Donum Dei, par le preux chevalier des contes
initiatiques à la poursuite du Saint-Graal, le calice
des calices. Ce n’est donc pas
le fruit du hasard (hasard est un terme d’origine perse et se traduit
par la main de Dieu) que la journée du héros soit emblématique des
fables sur la chevalerie depuis Chrétien de Troyes et les premières croisades
templières sur des terres de l’ancienne Mésopotamie au XIème et XIIème
siècle. Nous aurons l’occasion de développer en détails la signification
hermétique de la légende du roi Arthur et des chevaliers de la table ronde par
rapport à la voûte étoilée.
Afin de comprendre comment l’esprit de la Cabale
s’articule, prenons un exemple connu avec le mot occulte. Ce choix n’est pas anodin puisqu’il permettra d’éloigner de
votre pensée l’association que la culture vulgaire en fait avec des pratiques
peu avouables. La structure du mot OCCULTE peut être décomposée en O, C et
CULTE. Pour un Hermétiste, le O (pointé) est un des signes hiéroglyphiques du
Soleil et C, dans sa courbure, celui de la Lune. Occulte met ainsi l’accent sur le CULTE voué à ces deux luminaires. D’un point de vue opératif, cette lecture
résonne avec la définition donnée par le dictionnaire Larousse : Qui agit, ou qui est fait de façon secrète,
dont les buts restent inconnus, cachés : une influence occulte (comme les
radiations solaires et lunaires).
Avant que l’universalité de la Cabale soit fourvoyée
par la kabbale prosélyte et qu’elle ne soit plus abordée dans les classes
de l’École des Beaux-Arts, tous les Artistes (digne de cette majuscule) jusqu’à
la fin du XIXème siècle s’en sont servis dans leurs œuvres pour
parfaire les arcanes de la création et les partager sous le couvert harmonieux
du beau. Lorsque je compris que ces esthètes se servaient de leur création
comme canevas initiatique et pris pleinement conscience de la portée révolutionnaire
d’une telle pratique dans ma relation avec l’Art, aussi bien pour
l’interprétation du concept que pour l’exégèse de la culture en général, mes
pieds ne touchèrent plus le sol pendant quelques jours et mon excitation frisa
l’illumination. En effet, jamais je n’aurais pu imaginer que la prédisposition
naturelle et innée à trouver des analogies entre des choses qui, a priori,
n’en avaient aucune, se révélerait être un de mes meilleurs atouts dans ma
quête de l’absolu. Ce que j’avais toujours pris pour une malédiction qui me
mènerait vers les hôpitaux psychiatriques m’apparaissait désormais être un don
qu’il fallait exploiter, un signe venait de m’être envoyé et je pris ce message
avec la plus haute des considérations : l’Hermétisme me parlait.
Les facéties qui entourent la destinée sont décidément
bien romantiques puisque cette doctrine, venue de l’antiquité, allait devenir
une source d’inspiration intarissable, mes élucubrations les plus métaphysiques
allaient enfin être canalisées et je sus sans l’ombre d’un doute que j’allais
enfin pouvoir pénétrer ce mystérieux royaume de l’invisible. J’avais 30 ans et depuis le monde
sublunaire, je me suis orienté vers le Soleil levant.
~
Avant de poursuivre, il me semble important d’ouvrir une
brève parenthèse dans le but d’expliquer pourquoi la Philosophie Hermétique et
ses applications opératives ; l’alchimie, la magie et l’astrologie, ne sont
plus respectées et valorisées comme elles le furent par la science de nos
anciens.
Assurément, la simple évocation de l’une d’elles suffit à
déclencher les ricanements de nos contemporains. Cette mentalité, aussi
méprisante soit-elle, fut chapeautée par un courant de pensée né au XVIIème
siècle, qui osa détourner, sans aucune pudeur, le sens et l’utilisation du mot philosophie. Soyons très clair sur ce
sujet, la Philosophie authentique n’a rien en commun avec la philosophie post
renaissance, les spéculations sociologiques, humanistes et naturalistes de “la
philosophie des lumières” n’ont jamais été les centres d’intérêt partagés par
Zarathoustra (environ VIème
av. JC), Pythagore (570-495 av. JC)
et Confucius (551-479 av. JC). Eux ont dédié toute leur vie à des sujets plus salvateurs
à travers la spiritualité, la sagesse et à la quête de la vérité. Il est
certain que les rédacteurs de l’encyclopédie n'étaient pas animés par la même
pureté. D’ailleurs, pourquoi ne pas avoir appelé leur courant intellectuel “la Philosophie
de la Lumière” au lieu de “la philosophie des lumières“ ? Mettre le mot lumière au pluriel marque une intention
diabolique de fragmenter ce qui ne peut pas l’être. Par cette manipulation, a
priori anodine, la vérité n’existe plus en tant que telle, mais devient
faussement multiple et à géométrie variable selon l’orientation de chacun.
Ne nous laissons surtout pas aveugler par les tartuferies
mondaines d’une certaine bourgeoisie de salon et ne perdons surtout pas de vu
que l’authentique définition de la Philosophie est, dans son excellence
étymologique : l’amour de la sagesse. Pythagore précisait : « Je suis Philosophe, non pas quelqu’un qui
prétend posséder la sagesse, mais un homme qui s’efforce vers elle ». Attribuer
aux mots une architecture revisitée, afin de détourner la puissance de leurs
égrégores, fait partie des perversités qui ont été utilisées et financées par
une “élite” dominatrice, dont la finalité était de détruire, afin d’asseoir
leur pouvoir, tout l’héritage traditionnel de notre passé. Sous cette impulsion
révolutionnaire, imputée, à tort, au peuple par nos livres d’histoire, la
société entra dans un obscurantisme effréné et mortifère. Tout ce qui était
rattaché à la culture précédente devait être effacé et comme un symbole, nos
majestueuses cathédrales furent saccagées.
La mentalité jacobine, parachevée par des initiations
fallacieuses où les arrivistes en tout genre se sont engouffrés, porta
définitivement le coup de grâce avec l’idée abjecte que l’homme pouvait
désormais être considéré comme l’égal de Dieu. Cette vision dogmatique est un
blasphème au regard du verset 1 Corinthiens 6:19 : « Ne savez-vous pas que votre corps est le
temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous
ne vous appartenez point à vous-mêmes ? ». Dès lors, l’enseignement
Gnostique de la transcendance divine n’avait désormais plus sa place dans le
temple et l’opératif fut sournoisement remplacé par le spéculatif. Effectivement,
pourquoi s’évertuer à regarder le ciel et son planisphère étoilé, puisqu’aux
yeux de ces marchands, qui n’ont jamais vraiment quitté le temple, il n’existe
plus de vérité en dehors de celle de l’œil qui voit tout ?
Depuis l’avènement de l’illuminisme, matérialiste et
nominaliste, tout ce qui ne peut être démontré, ou mesuré, n’existe plus. Comme
Saint-Thomas, la science de l’encyclopédie ne croit désormais que ce qu’elle
voit. Les doctrines Hermétiques furent ainsi définitivement rangées sur les
étagères de la superstition et n’ayons pas peur des maux, ce rationalisme
triomphant est à l’origine de l’immobilisme, du conformisme et du rationalisme de
la communauté scientifique d’aujourd’hui. René Guénon précisa : « Le rationalisme se définit essentiellement
par la croyance à la suprématie de la raison, proclamée comme véritable dogme,
impliquant la négation de l’intuition intellectuelle pure, ce qui entraîne
logiquement l’exclusion de toute connaissance métaphysique véritable. »
Parenthèses fermées, revenons à une approche plus
verticale de nos considérations.
~
Depuis que les sociétés n’ont d’initiatiques que le
qualificatif, le seul moyen de trouver la grâce tant recherchée est de se
servir soi-même. La première étape consiste à l’assimilation des arcanes de la Philosophie
Hermétique, et en son sein, l’étude de ses textes est inévitable. Pour un
occultiste, ce travail ne demeure pas moins une mince affaire puisque cette
littérature regorge de faux-semblants. Si vous ne saviez pas que les initiés
voilaient toujours leurs écrits à l’aide de la Cabale afin d’éloigner les
envieux, leurs grimoires n’étaient d’aucune utilité. Beaucoup d’aspirants
furent ainsi mal inspirés. Michel Sendivogius, le
célèbre alchimiste du XVIIème siècle, plus connu sous le nom du
Cosmopolite, nous avertissait déjà : « Si
Hermès, le père des Philosophes, ressuscitait aujourd'hui, avec le subtil Géber, le profond Raymond Lulle, ils ne seraient pas
regardés comme des Philosophes par nos Chymistes
vulgaires, qui ne daigneraient presque pas les mettre au nombre de leurs
Disciples, parce qu'ils ignoreraient la manière de s'y prendre pour procéder à
toutes ces distillations, ces circulations, ces calcinations et toutes ces
opérations innombrables que nos Chymistes vulgaires
ont inventées pour avoir mal entendu les écrits allégoriques de ces Philosophes.
» À cela, il faut ajouter qu’après le tsunami de l’illuminisme du XVIIème
au XIXème siècle, les faux prophètes se sont permis, afin de
subjuguer leur auditoire, “d’enrichir’’ l’héritage d’Hermès de textes sortis
tout droit de leur imagination. Sachant qu’il faut contourner ces supercheries,
l’essentiel de notre exégèse doit donc se concentrer sur les textes directement
issus de la tradition orientale depuis les conquêtes Alexandre le Grand au IVème
siècles avant l’ère Chrétienne.
Lorsque le macédonien s’empara de l’Égypte et y installa
un de ses généraux comme nouveau pharaon (pharaon
est un terme grec qui se traduit par celui
qui porte le Soleil), l’horizon de cette terre mythologique fut ravivé par
la flamme d’un nouveau phare. La plupart du temps, l’annexion d’une terre sonne
le glas de la culture locale, mais avec la lignée des pharaons ptolémaïques ce
ne fut pas le cas et plutôt que de détruire pour imposer leur vision, les
nouveaux législateurs reconstruisirent le pays. Sous l’impulsion de la Philosophie
aristotélicienne, l’instruction gréco-hellénistique se mélangea avec la culture
égyptienne millénaire et ses écoles de mystères, mais aussi avec la tradition
du monde mésopotamien et la richesse de son patrimoine. Qu’il vienne de l’un
des premiers prophètes perses, en la personne de Zarathoustra (dont le nom
signifie l’étoile d’or ou la splendeur du Soleil), ou des temples
situés sur les rivages du Nil, l’enseignement initiatique des castes
sacerdotales reçu par les Grecs n’est certes pas nouveau, car il est souvent
répété que Platon (428-347 av. JC) et Pythagore (570-495
av. JC) en avaient déjà largement
profité.
Fraîchement rebaptisée par le nom de son conquérant, la
ville d’Alexandrie devint alors un lieu de rencontre et d’échange très prisé
par tous les spécialistes du bassin méditerranéen en matière d’occultisme. Dans
ce prodigieux et merveilleux mélange d’érudits, de philosophes, d’alchimistes, d’astrologues
et de magiciens, la Gnose (Gnosis se traduit du grec par la connaissance et procède du désir de connaître Dieu et ses
secrets) y fut incroyablement magnifiée et fortifiée. Mais, malheureusement
pour le salut de l’Humanité, la plupart des manuscrits produits durant cette
effervescence semblent avoir péri dans les flammes de la légendaire
bibliothèque du détroit du Nil. Cette ultime barbarie contre la connaissance ne
fut pas seulement le témoin d’un changement de mentalité, elle marqua au fer
rouge l’entrée de notre civilisation sous le joug de l’Empire romain. Même si le
pouvoir de Rome n’est plus aussi prépondérant dans sa visibilité, il a toujours
su se renouveler jusqu’à aujourd’hui ; après avoir conquis les terres par
l’épée, l’Église catholique, héritière directe de l’empire et appelée la
synagogue de Satan par les Cathares (les derniers défenseurs de la Gnose
Chrétienne authentique), s’est ensuite emparée des âmes par le crucifix.
Fort heureusement pour la tradition, 17 manuscrits grecs,
issus de la Philosophie à l’ère glorieuse d’Alexandrie, refirent surface après
les croisades et furent traduits par Marsile Ficin (1433-1499), l’inévitable
sommité de la Renaissance italienne. Rassemblés sous l’appellation de corpus
Hermeticum, ils sont considérés comme les textes
fondateurs de l’Hermétisme et un phare sur la voie des sages. Ces écritures
agissent comme un prisme et décomposent la lumière naturelle de la révélation
divine dans les thématiques suivantes :
-
Ordre du
cosmos
-
L’unité
(omniscience, omnipotence et omniprésence de l’éternel)
-
Le Soleil
-
Le
démiurge
-
Cohésion
des sphères
-
Fusion
des contraires et la polarité
-
Le
visible et l’invisible
-
La vérité
et l’illusion de notre réalité
-
La
création à travers la mise en mouvement circulaire de l’unité
-
Le noῦs et la volonté créatrice
-
Le temps,
l’espace et la matière
-
Le corps,
l’âme et l’Esprit
-
Le bon,
le beau, le bien et le juste
-
Les vices
et les vertus
-
La
création est un Art et la notion d’harmonie
-
L’Ogdoade
-
L’intelligence
et sa relation à l’homme-dieu
-
Le
rapport 12/10 (ou 6/5)
-
Le
zodiaque et l’astrologie
À l’évidence, l’évocation de l’astrologie dans cette
liste peut paraître on ne peut plus surprenante, mais sachez, malgré le sort
qui lui est aujourd’hui réservé, que les mages-initiés en ont toujours fait la
pierre angulaire de toutes les sciences de l’antiquité. Avec la magie et
l’alchimie, cet ésotérisme rassemble, sous le vocable de la théurgie, les 3 voies opératives de la Philosophie
Hermétique. Elles forment un tout harmonieux et sont indissociables les unes
des autres. Il est alors peu probable qu’un alchimiste puisse se définir comme
tel sans avoir été initié aux magistères des deux autres disciplines. L’importance
de cette trinité fut très bien comprise par les Grecs puisqu’elle est suggérée
dans le nom du dieu associé au père des Philosophes, le bien nommé : Hermès-Trismégiste. En effet, à côté de
la traduction communément admise de Trismégiste
par le 3 fois très grand, on peut tout à fait,
grâce à la phonétique, soumettre à l’hypothèse un autre niveau de lecture, soit
les 3 magistères. Même si la doctrine trinitaire
de l’unité a traversé le temps par le Panthéon du monde grec, son origine
historique est bel et bien égyptienne. La splendeur de ce témoignage se trouve
sur le plateau de Gizeh où 3
pyramides rappellent à l’intellect du contemplateur que la trinité divine est
atemporelle, immortelle et indestructible. Comment ne pas être subjugué devant
la majesté, la grandeur et le génie de cette civilisation ? Les propriétés
géométriques, astronomiques et énergétiques implicites à ces volumes révèlent
aux yeux de tous, mais surtout à ceux qui savent voir au-delà des apparences,
la beauté d’une pensée que la nôtre n’a jamais égalée.
L’héritage de cette intelligence, venue de la nuit des
temps, se personnifie aussi dans les attributs de Djéhuty-Thot ; le messager des dieux égyptien, dont la tradition
s’est toujours plu à faire la comparaison avec Hermès-Trismégiste. La plume du regretté Jean Phaure
(1928-2002)
décrivait Djéhuty-Thot comme tel : « Il est le scribe de l'Ennéade divine, le
pinceau avec lequel écrit le dieu de l'univers, le créateur des langues, le
grand magicien des sphères qui préside à la création originelle pour appeler le
monde à l'existence par la parole, aux côtés de Ptah. Il est surtout celui qui
préside à l'ordre du monde, le grand calculateur, le maître des cycles du
temps. »
Il est important de préciser que dans la théogonie des
Égyptiens, Djéhuty-Thot n’était pas considéré comme un
dieu au sens propre du terme, mais plutôt comme un neter
(très proche phonétiquement de nature)
; soit l’anthropomorphisation d’une force,
d’une action de l’immanence divine dans le monde manifesté, une sorte
d’hypostase, un æon
comme aimaient le définir les Gnostiques. On ne peut plus être aussi charitable
en vous offrant la clef nécessaire à faciliter l’accès aux 12 vers gravés sur une
pierre précieuse de couleur émeraude, sur laquelle tout le firmament de la
Philosophie Hermétique est synthétisée.
Tous les des érudits bercés dans l’histoire des religions
se sont pris de passion pour le texte de la table d’émeraude et ont produit une
multitude de traductions, plus ou moins représentatives de la première version
retrouvée à la Renaissance dans l’appendice du livre du secret de la
création (Kitâb sirr
al-Halîka), écrit en arabe au IXème siècle.
Du point de vue de la tradition, son affiliation arabe n’est pas dénuée de sens
puisque les Perses délogèrent le pouvoir Byzantin d’Alexandrie au VIIème
siècle, renouant avec la culture locale et devenir, par la force des choses,
les nouveaux vecteurs actifs de la transmission.
Mon choix s’est porté sur la meilleure traduction d’après
ma sensibilité, celle faite par Hortulain à partir de
la vulgate latine au XIVème siècle :
I.
Il est vrai sans mensonge, certain et très véritable
II.
Ce qui est en bas, est ce qui est en haut : et ce qui est
en haut, est ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose.
III.
Et comme toutes choses ont été, & sont venues d’un,
par la médiation d’un : ainsi toutes
les chose ont été nées de cette chose
unique, par adaptation.
IV.
Le Soleil en est le père, la Lune est sa mère, le vent la
portée dans son ventre ; la terre est sa nourrice.
V.
Le père de tout le
Telesme de tout le monde est ici. Sa Force ou
puissance est entière,
VI.
Si elle est convertie en terre.
VII.
Tu sépareras la terre du Feu, le subtil de l’épais
doucement, avec grande industrie.
VIII.
Il monte de la terre au ciel, & derechef il descend
en terre, & il reçoit La Force
des choses supérieures & inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire de
tout le monde ; & pour cela toute obscurité s’enfuira de toi.
IX.
C’est La Force
forte de toute Force : car elle vaincra toute chose subtile, &
pénétrera toute chose solide.
X.
Ainsi le monde a été créé.
XI.
De ceci seront & sortiront d’admirables adaptations,
desquelles le moyen est ici.
XII.
C’est pourquoi j’ai été appelé Hermès-Trismégiste, ayant
les 3 parties de la Philosophie de tout le monde. Ce que j’ai dit de l’opération du Soleil est accompli, &
parachevé.
Curieusement, les vers de la table d’émeraude, résonnent
étrangement avec le prologue de l’évangile de Saint-Jean, cité ci-dessous :
I.
Au commencement était Le Verbe (le Logos), la parole de Dieu, et Le Verbe était auprès de
Dieu, et Le Verbe était Dieu.
II.
Il était au commencement auprès de Dieu.
III.
Par lui, tout s’est fait, et rien de ce qui s’est fait ne
s’est fait sans lui.
IV.
En lui était la vie, et la vie était La Lumière des
hommes ;
V.
La
Lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont par
arrêtée.
VI.
Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
VII.
Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à La
Lumière, afin que tous croient par lui.
VIII.
Cet homme n'était pas La Lumière, mais il était là pour
lui rendre témoignage.
IX.
Le Verbe
était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
X.
Il était dans le monde, lui par qui le monde s'était
fait, mais le monde ne l'a pas reconnu.
Les similitudes entre les deux textes sont plus que
frappants, les scribes de l’église de Rome se sont probablement inspirés de la
sapience contenue dans des manuscrits antérieurs pour la création de leurs
‘‘saintes écritures’’. L’évangile de Jean ressemble, à s’y méprendre, aux
évangiles Gnostiques de Cérinthe et son prologue est largement imprégné du
souffle des textes Hermétiques. Son apocalypse (apocalypsis se traduit du grec
par révélation) est également
l’assemblage d’une kyrielle de textes sacrés, comme le livre d’Hénoch ou le livre
d’Ezéchiel. Dans un sens, la volonté d’incorporer des connaissances
ancestrales au message de l’apôtre favori du Christ, qui est toujours accoutré
d’un manteau vert dans l’iconographie, indique que le catholicisme s’est
façonné sur des doctrines préexistantes. En plus, n'oublions pas qu’avant
l’invention de l’imprimerie au XVème siècle, falsifier un manuscrit
était un jeu d’enfant et les mystificateurs, ayant soif de suprématie,
manièrent cette pratique avec le succès que l’on connaît. En ce qui concerne
les écritures de l’ancien testament, tous les exégètes savent que les dix
commandements, supposément délivrés à Moïse sur le mont Sinaï, ne sont qu’un
vulgaire plagiat du paragraphe 1:125 du livre des
morts égyptiens. La théologie judéo-chrétienne n’est qu’une pâle copie des
préceptes Gnostiques du neter à l’unique œil
vert ; Hor ou Horus, le porteur de lumière égyptien. Rien de nouveau sous le
Soleil, les Hébreux ont eux aussi recyclé ce qui existait déjà. C’est pourquoi
les différents textes bibliques, le pentateuque et les évangiles canoniques ne
pourront jamais être considérés comme des vérités historiques ou des références
théologiques indiscutables.
Malgré tout, même altérés, les textes recèlent encore des
trésors initiatiques sur lesquels il serait bon de se pencher, parce qu’un tel
syncrétisme théosophique dans la littérature sacrée suggère irrémédiablement
une origine commune, une sorte de tradition primordiale comme aimait le
caractériser René Guénon.
Ceci dit, revenons aux vers de la table d’émeraude.
~
De primes abords, ce qui frappe notre attention est le
principe totalement novateur qu’une force (Le
Verbe dans Saint-Jean) serait liée à la création du monde, à l’action du
Soleil (symbole de La Lumière) et à la médiation de l’unité. Cette conception
ancestrale de la genèse de la matière est curieusement très proche de la
déclaration du prix Nobel de physique en 1919, Max Planck : « Toute matière n’existe qu’en vertu d’une
Force qui fait vibrer les particules et maintient ce minuscule système solaire
de l’atome. Nous devons assumer derrière cette Force l’existence d’une
conscience et d’un Esprit intelligent. Cet Esprit est la matrice de toute
matière ». On ne peut qu’être sidérés par le fait que les anciens avaient
déjà compris ce que les hommes du XXème siècle commençaient à peine
de découvrir. Et ne nous méprenons pas, c’est bel et bien l’existence de Dieu
qui est suggéré par cette sommité de la communauté scientifique. La réalité de
champs inaccessibles, indescriptibles et incommensurables ne peut plus être
regardée comme l’artifice de films de science-fiction* ou comme les divagations
des maîtres de sagesse venus d’orient. Après de longs siècles d’ineptie
religieuse, la science et la culture populaire peuvent enfin se réconcilier
avec le théisme, c’est-à-dire en assimilant la création à la volonté d’une
conscience intelligente ou d’un démiurge.
Grâce à ses révélations sur La Force, les 12
vers de la table d’émeraude guident la conscience sur la primauté et
l’exactitude de la vision des disciples d’Hermès ; là où nos pairs se limitent
à une science des effets ; matérielle, nos ancêtres surpassaient déjà le monde
intelligible et se concentraient directement sur la cause de la manifestation ;
spirituelle, en dehors du temps et de l’espace.
* Dès que
l’idée d’une force est mentionnée, notre génération pense automatiquement aux
films de Georges Lucas, sans se douter que la description de La Force faite par maître Yoda à
son jeune apprenti ; « Mon allié est La Force et c'est un allié puissant. La vie la crée, la fait
croître, son énergie nous entoure et nous lie. Nous sommes des êtres lumineux,
pas de cette matière brute. Tu dois sentir La Force autour de toi, entre
toi, moi, l'arbre, le rocher, partout », est en tout point similaire
avec celle dans tradition des mages. Maîtriser La Force conduit l’apprenti,
et ce n’est pas du tout une surprise, au rang de chevalier.