INTRODUCTION
Publié le 28 octobre 2021
Avant toute chose, je
tiens à préciser que cette thèse ne s’inscrit pas dans un travail
universitaire, comme beaucoup en font automatiquement l’association. Si l’on
suit la définition du mot « thèse » donnée par le dictionnaire Larousse :
« proposition théorique, opinion, position sur quelque chose dont on
s'attache à démontrer la véracité », mon travail peut tout à fait recevoir
ce titre sans recevoir la reconnaissance du système ou d’une quelconque
‘‘autorité’’ ; il n’en a pas besoin et n’en a que faire. C’est donc avec
une liberté de pensée sans limite, sans concession et, surtout, sans avoir à
rendre de compte à qui que ce soit, que nous pourrons étudier, sous n’importe
quels angles, toutes les matières chères à notre enthousiasme de polymathe. Grâce
à cet état d’esprit, des idées originales ont pu
fleurir, s’épanouir et se révéler en dehors de la plantation dans laquelle
notre curiosité est enfermée habituellement. Être vivifié d’une telle ouverture
est une bénédiction et j’aimerais, sans avoir à rougir, partager avec vous la
rose de sa quintessence.
•••••
La genèse de cette thèse
remonte au jour où mes yeux se sont tournés vers le ciel. Ou du moins, la nuit
où je pris conscience que la voûte étoilée tournait inexorablement autour d’un
point fixe, comme le ferait une roue autour d’un essieu. En contemplant ce
spectacle grandiose, jamais je n’aurais cru que mes candides réflexions sur les
rouages du cosmos me pousseraient à étudier une pléiade de disciplines, reliant
l’astronomie aux sphères – apparemment immobiles – de la minéralogie.
Dans un premier temps,
je me suis tourné vers la science académique, et malgré des découvertes
probantes dans certains domaines comme celui de la physique quantique, j’y ai
trouvé beaucoup de théories et très peu de théorèmes. Contrairement à un
théorème, une théorie se base sur des spéculations : c’est un système
formé d’hypothèses qui tente de trouver une cohésion à des principes établis,
qu’elle soit philosophique ou mathématique. En d’autres termes, une théorie ne
définit pas des règles et des lois immuables dans le réel. Et aussi surprenant
que cela puisse paraître, cet explicite constat semble pourtant avoir échappé à
certains acteurs de la communauté scientifique, ceux qui continuent à prendre
les vessies pour des lanternes. En effet, le dogme scientifique contemporain
s’appuie sur des théories complexes qui ne se démontrent pas en dehors d’un
langage mathématique dont l’abstraction côtoie des horizons de plus en plus
surréalistes. D’autant plus que ce langage est basé sur une architecture
sémantique où les équations tendent à s’alimenter, à s’intriquer et à se
refléter mutuellement, en cercle fermé, formant, par la force des choses, un
corps artificiel sur lequel on ne cesse de bâtir, sans se soucier de la
solidité effective de ses fondations. La science théorique se compare alors à
une tour de Pise, dont le corps se maintient admirablement bien, mais qui
menace, à chaque fois qu’une division y est ajoutée, de s’écrouler sous le
poids de la somme de ses aberrations. Les lignes de glyphes mises en exergue
dans les équations sont, certes, très impressionnantes pour le commun des
mortels, mais, comme le soulignait René Guénon, s’éloignent de la réalité
sensible qu’elles prétendent expliquer. Actuellement, la théorie des cordes est
sans aucun doute l’exemple le plus révélateur pour confronter la complexité
synthétique des mathématiques face à la rationalité de l’environnement biologique.
Face à ce constat, une question se pose alors : pourquoi continue-t-on à
dépenser autant de temps, d’énergie et d’argent à l’étude d’espaces qui
n’ont aucune réciprocité avec la métrologie de la vie terrestre ?
Avant de s’intéresser à
des domaines invisibles à l’œil nu, dans l’infiniment grand avec
l’astrophysique comme dans l’infiniment petit avec la physique des particules,
peut-être que le gratin scientifique gagnerait en authenticité s’il s’attardait
davantage à réfléchir sur les manifestations des lois de la nature avec le
sérieux qu’on leur doit. C’est quand même paradoxal qu’à l’aube du XXIème
siècle, la physionomie de la vie reste toujours une énigme, des plus tenaces,
dans une communauté qui se vante de connaître les prémices de notre cosmos, et
d’en repousser sans cesse les limites ; peut-être devrait-elle redescendre d’un
ton et s’occuper davantage de l’essentiel. Les causes (la cause ?) de la
vie mériteraient beaucoup plus d’attention que ses effets. En voulant nous
impressionner avec des abstractions conceptuelles qui ne reposent dans l’absolu
sur rien de concret, les prestidigitateurs des universités masquent leur
incompétence et leurs lacunes sur le(s) principe(s) élémentaire(s) de la
réalité observable en subjuguant leur auditoire – leurs élèves et les
amateurs de science-fiction – avec une poudre aux yeux assurément fascinante.
Le jour où les
universitaires prendront leur distance avec une science théorique qui ne mène
nulle part, peut-être que les grandes énigmes de la nature seront enfin
reconsidérées dans leurs amphithéâtres. Quand ce jour arrivera, la science sera
de nouveau en symbiose avec les fondamentaux universels de la physique. Les
sujets de recherche ne manqueront pas. Nous pourrions commencer, par exemple, à
nous intéresser à l’influence du rayonnement lunaire sur la croissance
perpendiculaire d’un végétal, ou encore la relation analogiquement polarisée
entre les bronches d’un poumon et les branches d’un arbre (le premier est à
l’abri de la lumière solaire, il inspire de l’oxygène et expire du dioxyde de
carbone, le second absorbe du dioxyde de carbone et rejette de l’oxygène sous
l’influence direct du soleil).
Au début du XXème
siècle, Nikola Tesla (1856-1943) – le visionnaire de la
physique invisible – nous avait déjà averti en 1932 sur les dérives
mystificatrices de la science théorique (incarnée à son époque par Albert
Einstein) dans le journal américain du New York Times en 1931 : « le travail de relativité d'Einstein est un
magnifique déguisement mathématique qui fascine, éblouit et rend les gens
aveugles aux erreurs sous-jacentes. La théorie est comme un mendiant vêtu de
violet que les ignorants prennent pour un roi ... Ses représentants sont des
hommes brillants, mais ce sont des métaphysiciens plutôt que des scientifiques
».
En
effet, le
cas d’Albert Einstein est plus que symptomatique pour révéler le marasme intellectuel
dans lequel nous baignons. En ‘‘empruntant’’ les grandes lignes de sa théorie
sur la relativité générale au physicien Français Henri Poincaré (1854-1912), nous prenons très peu de risque en affirmant que
la renommée de l’icône
transgénérationnelle de la science relève plus de l’ingénierie sociale
que du génie authentique. Avoir un spoliateur comme référence adulée est un
signe des temps on ne peut plus représentatif de la respectabilité que l’on
doit accorder à ses institutions. Ces mensonges ne se limitent pas à
l’honnêteté et à la moralité des piliers de notre société, ils touchent aussi
la technologie que nous employons au quotidien. À l’heure où les ondes
électromagnétiques connectent tous les habitants de la terre, l’anachronisme
entre l’ingénierie d’un téléphone portable et celle du moteur à explosion, dont
la technologie de base est vieille d’environ cent soixante-dix ans, est plus
que risible, et soulève une question à méditer en toute sincérité : les travaux
‘‘scientifiques’’ portés au firmament par le système sont-ils les seuls qui ne
menacent pas son hégémonie et la prospérité de son modèle économique ? La
question mérite au moins d’être creusée…
Prenez donc garde, si
vous voulez obtenir le diplôme d’une université prestigieuse et faire carrière,
il est préférable d’éviter certains sujets. Diriger vos recherches en dehors du
cadre imposé par le conformisme régalien, surtout lorsqu’elles s’attaquent aux
théories des dieux indétrônables du panthéon scientifique, est une erreur à ne
pas commettre. Malgré les impasses manifeste, il est aujourd’hui impensable de
remettre en cause les croyances structurelles de l’Église scientifique ;
refuser de se prosterner devant ses idoles signerait votre excommunication, la
perte de votre crédibilité et de votre respectabilité.
Comme je n’ai rien à
perdre, à gagner, ou même à prouver, il m’est plus facile de tenter de mettre
en lumière la frivolité de la physique ‘‘extraterrestre’’ en ce qui
concerne le premier intérêt de cette étude : les révolutions des astres
au-dessus de nos têtes. Bien que les astrophysiciens soient toujours à des
années-lumière de mettre en évidence la mécanique sous-jacente à ces
révolutions, ils s’obstinent toujours, ancrés dans le dogme de leur éducation,
à vouloir démontrer ce phénomène par la loi universelle de la gravitation
d‘Isaac Newton (1642-1726). L’équation de cette
théorie permet effectivement de quantifier les paramètres de la chute d’un
objet sur terre, et donne une solution mathématique pour expliquer l’équilibre
entre deux corps célestes, mais ne précise absolument pas la cause de leur
déplacement, régulier qui plus est. Depuis que l’ancien président de la Royal
Society s’est prononcé sur la loi de la gravité, aucun membre de
l’establishment ne cherche à s’étendre, avec un sérieux appliqué et digne de la
méthode scientifique, sur la cause de la force de rotation (vectorisée par f dans l’illustration
ci-dessous, où la course orbitale de la lune autour du centre de la Terre est
prise comme exemple). Cette force, pour reprendre la nomenclature courante,
n’est jamais prise en compte : c’est précisément là que le bât blesse.
Si aucun élément de
réponse sur l’origine de la force f ne peut être formulé, la
gravité ne peut pas être validée telle qu’elle est présentée par la cosmologie
contemporaine. À cela, il ne faudrait surtout pas oublier qu’aucun appareil ne
peut la détecter et qu’aucun scientifique ne peut reproduire son champ en laboratoire.
De toutes les interactions fondamentales, et parce qu’elle échappe le plus à
notre compréhension, cette soi-disant force de cohésion reste l’un des plus
épais mystères de la physique d’aujourd’hui. En conséquence, il ne faut pas
avoir peur de reconnaître que le manque de rigueur scientifique qui entoure ce
concept n’est pas rassurant sur la qualité de l’expertise et affaibli les
piliers sur lesquels sa réputation repose. Malgré tout, des spéculations,
toujours plus invraisemblables les unes que les autres, continuent de se faire
valoir sur la scène scientifique. En vérité, depuis la théorie de la courbure
de l’espace-temps et les hypothétiques particules subatomiques du monde
quantique appelées gravitons, nous
n’avons pas avancé d’un iota. Pourquoi ? Simplement parce que l’origine de ce
phénomène naturel reste toujours insondable avec la science de nos pairs. Ils
se contentent d’expliquer que la cinétique des corps célestes est la
réminiscence d’une hypothétique explosion à l’origine de notre univers – le
fumeux ‘‘big-bang’’ – présenté au monde par le jésuite Georges Lemaître à la
fin du XIXème siècle. Quoi qu’il en soit, la gravité newtonienne
pose un autre problème : l’unification entre la mécanique quantique et la
théorie de la relativité générale. Si la gravité ne peut pas être retiré de
l’équation, il faut savoir reconnaître que la physique théorique se butte, une
fois de plus, aux frontières de ses propres extravagances.
Une fois que nous avons
accepté le fait que certaines théories sont actuellement
enseignées comme des vérités, il est plus simple de reconnaître que la science
a perdu le cœur de sa beauté immanente ; les heures glorieuses qui firent
sa réputation sont désormais derrière elle et les flambeaux qui la dissociaient
de la religion diffusent dorénavant une lumière plus que diffuse. Richard
Feynman (1918-1988), prix Nobel de Physique
en 1965 pour ses travaux sur le développement de l'électrodynamique quantique,
n’avait aucun problème à avouer que : « la
science est la croyance en l'ignorance des experts ».
Même si le modèle standard de l’astrophysique
semble se satisfaire, notre appréhension de l’univers reste toujours juvénile,
incorrecte et cousue de fils blancs. Le genre humain ne pourra jamais
s’émanciper de son âge de pierre cosmique si nous nous acharnons à vouloir
construire, toujours plus haut, sur les fondations d’une “science” qui a
démontré ses limites, qui relève plus de la théorie fantastique que du théorème
empirique. C’est un fait, la science a sombré dans des systèmes doctrinaux dont
elle a du mal à faire l’exorcisme. Et les garde-fous universitaires, auréolés
d’une vanité affichée, ne manquent jamais l’occasion de ridiculiser tout ce qui
n’est pas issu de leur champ des possibles. Une telle mentalité ne pourra
jamais initier le changement de paradigme dont le monde scientifique a besoin
pour évoluer. Le jour où notre approche fusionnera avec les principes à la
source de la création, peut-être que la nature nous révélera de nouveau les
engrenages utilisés par le régisseur de sa magistrale horloge.
•••••
En dépit de ce consensus, aussi agaçant soit-il, il ne
faudrait surtout pas tomber sous les projecteurs de l’extrémisme et rejeter
toutes les théories d’un revers de main ; certaines sont dignes d’intérêt,
parce qu’elles émanent, non plus des mathématiques, mais de l’intelligence
pure. Nous pensons particulièrement aux notions quelque peu obscures d’énergie
et de matière noire qui ont mis en ébullition la communauté scientifique suite
aux observations d’Edwin Hubble en 1929. Depuis, beaucoup d’astrophysiciens
pensent que l’expansion de notre univers serait liée à un phénomène dynamique,
invisible et intrinsèque à l’espace. Considéré jusque-là vide à 96%, cet espace
ne le serait pas du tout, il serait rempli d’une substance énergétique, indescriptible
à notre monde tangible qui interagirait néanmoins avec celui-ci. Le vide serait
donc plein d’une essence cinétique, plus ou moins dense, que personne ne peut,
pour l’instant, expliquer, mesurer ou reproduire. Il n’est donc pas impossible
que derrière le monde accessible aux sens de l’homme se cache un continuum dont
nous ignorons totalement l’existence. Et ce n’est pas David Böhm (1917-1992),
un des pères de la physique quantique, qui nous apportera la contradiction,
puisqu’il déclara : « l’espace n’est pas
vide, il est plein. L’univers n’est pas séparé de cette mer cosmique d’énergie
noire ».
Au regard de la
cosmologie universitaire, plusieurs questions fondamentales sur la mécanique
céleste restent encore sans réponse. Voici, à mon avis, les plus perspicaces :
-
Qu’est-ce qui pousse la terre à tourner sur
elle-même ?
-
Qu’est-ce qui pousse la terre à tourner autour du
soleil ?
-
Qu’est-ce qui pousse le système solaire à tourner
autour du centre de la galaxie ?
-
Pourquoi les planètes tournent-elles autour du
soleil sur un plan commun ?
-
Pourquoi les planètes tournent-elles sur
elles-mêmes ?
-
Pourquoi peut-on prédire le mouvement et la
position des astres avec une si grande précision dans le temps ?
-
Pourquoi la terre, le soleil et toutes les planètes
ont-elles toute la forme d’une sphère ?
-
Suivant la loi empirique de la physique
action-réaction, quel type d’énergie est consommé dans le mouvement des astres
?
-
Est-ce possible que le mouvement circulaire de nos
astres brillants soit une réaction à l’action de cette mystérieuse énergie
noire ?
-
Les mystères, qui entourent la mécanique de la
gravité universelle, ne seraient-ils pas les effets observables d’une cause
invisible au sein de l’énergie noire ?
Je pense que les
réponses à ces questions se trouvent dans le cœur de cette abstraction au monde
matériel qu’on appelle « énergie
noire ». Mais, sachant que cet
espace est invisible, inconnu et inexploré, comment pouvons-nous franchir ses
portes et l’appréhender ? Si la science moderne avait atteint ses limites, vers
où nous tourner ?
•••••
À l’âge de 30 ans, je mis la main sur un livre intitulé « le
mystère des cathédrales et l’interprétation ésotérique des symboles hermétiques
du Grand-Œuvre », écrit par Fulcanelli, le
célèbre adepte Français. Cet ouvrage, classique et incontournable en matière
d’alchimie, m’a donné les clés tant recherchées pour enfin déverrouiller les
portes du royaume métaphysique de l’énergie noire : il fut l’étincelle qui mit
le Feu aux poudres.
Cependant, les clés de
cet accès étaient précieusement gardées derrière l’écran de fumée d’un langage
‘‘imagé’’, de type cryptographique, cabalistique. Curieusement, l’essence
mystérieuse de cet Art embauma mon esprit dès les premiers paragraphes écrit
par le maître, et malgré mon impuissance à fixer son parfum, sa vibration ne
m’était pas étrangère, son arôme résonnait déjà de manière très significative,
naturellement, intuitivement, en mon for intérieur depuis ma plus tendre
enfance, sans savoir que cet axiome existait en dehors de l’entendement de mon
jardin secret. Le meilleur moyen d’éclairer votre lanterne est de définir la
cabale (du latin « cabbalus ») :
« c’est une langue d'espèce hiéroglyphique, jouant sur tous les
registres de l’expression : images, mots, lettres, nombres, sons, couleurs,
formes, poids, etc... Ainsi que sur des conventions secrètes, dont la métaphore
et les rébus emblématiques sont le type le plus répandu. Elle n'a pas de forme
propre ou particulière, et ne dépend que de la culture et de l'imagination de
ceux qui la mettent en œuvre ».
Aujourd’hui,
malheureusement, la seule « kabbale »
connue par l’atrophie de la culture occidentale, et de la maçonnerie spéculative, est apparue dans la tradition
rabbinique au XIIIème siècle en Espagne, par l’intermédiaire du
Zohar (le livre des splendeurs). Contrairement au consensus prosélyte, « kabbale » ou « kabbalah », voire
même « qabbalah
» dans le but de servir une mystification plus efficace, n’est pas un
courant original, isolé et prépondérant, mais le simple reflet donné par la
mystique juive d’une tradition ancestrale qui l’a précédée. D’ailleurs, le mot « kabbale » n’est pas d’origine
hébraïque puisqu’il tire son étymologie du grec « kabbalès ». C’est pourquoi, afin d’éviter le
piège des homophonies, de promouvoir les inepties de la culture populaire et
d’affirmer l’universalité de son affiliation, les savants, ou autres experts en
la matière, aiment plutôt employer le terme de « cabale hermétique » (en l’honneur du dieu grec Hermès) au lieu
de « cabale ».
Dans tous les cas, que
ce soit « cabbalus » en latin et « kabbalès » en grec, ces termes définissent tous les
deux l’animal emblématique de la connaissance depuis la plus haute
Antiquité : le cheval. La relation sémantique entre « cabaliste » et «
cavalier » devient on me peut plus évidente, cohérente et justifiée au regard
des contes initiatiques écrits, depuis les premières croisades et la découverte
du folklore oriental, par Chrétien de Troyes. Du haut des sympathies
astronomiques que nous partageons ici-bas, comment de ne pas contempler les
chevaliers de la table ronde, le Roi Arthur et la quête du Saint-Graal –
le calice des calices – sous un angle différent du prisme hermétique ? Ce
n’est pas un hasard (« hasard » est un terme d’origine perse, il se traduit par
« la main de Dieu ») si la journée du héros – toujours incarné par un preux
cavalier (l’expression du Donum Dei) –
soit si emblématique pour une tradition initiatique qui remonte à la nuit des
temps. C’est un fait, et nous aurons l’occasion de le démontrer plus en
détails, la monture de pégase se chevauchait déjà sous le dôme étoilé des
castes sacerdotales chaldéo-égyptiennes.
Afin de comprendre
comment l’esprit de la cabale s’articule, prenons un exemple littéraire avec le
mot « occulte » (ce choix
n’est pas anodin puisqu’il permettra d’éloigner de votre pensée l’association
que la culture vulgaire en fait avec les pratiques démoniaques). La structure
de ce mot se décompose en « o »,
« c » et « culte ». Pour un hermétiste, le « o » (pointé) est le signe
hiéroglyphique du soleil et « c »,
dans sa courbure, celui de la lune ; en conséquence, « occulte » met l’accent sur le culte
voué à ces deux luminaires. D’un point
de vue opératif, cette lecture résonne avec la définition donnée par le dictionnaire
Larousse : « qui
agit, ou qui est fait de façon secrète, dont les buts restent inconnus, cachés
: une influence occulte ».
Avant que l’universalité
de la cabale soit fourvoyée par la kabbale, et que l’École des Beaux-Arts
feinte l’amnésie, tous les Artistes (digne de cette majuscule) s’en sont servis
dans leurs œuvres pour parfaire le beau sous les meilleurs arcanes de celui-ci
jusqu’à la fin du XIXème siècle. Lorsque je pris pleinement
conscience que ces esthètes se servaient de leur création comme un canevas
initiatique, mes pieds ne touchèrent plus le sol pendant quelques jours et mon
excitation frisa l’illumination. En effet, la portée d’une telle pratique dans
ma relation avec l’Art, aussi bien pour l’interprétation du concept que pour
l’exégèse de la culture en général, fut une révélation sans précédent dans ma
vie, car jamais je n’aurais pu imaginer que la prédisposition naturelle à
trouver des analogies entre des choses qui, a priori, n’en avaient
aucune, se révélerait un jour être un de mes meilleurs atouts dans ma quête de
l’absolu. Ce que j’avais toujours pris pour une malédiction – une pathologie
psychologique – m’apparaissait désormais être un don qu’il fallait exploiter.
Un signe venait de m’être envoyé, et je pris son message avec la plus haute des
considérations : l’hermétisme m’habitait. Les facéties qui entourent la
destinée sont décidément plus que romantiques puisque la voie de cette tradition
avait la potentialité de devenir une source d’inspiration intarissable et de
canaliser mes élucubrations les plus métaphysiques. Je sus alors, sans l’ombre
d’un doute, que les portes du mystérieux royaume de l’invisible n’étaient plus
à jamais scellées. À l’aube de mes 33 ans,
depuis le monde sublunaire, je me suis orienté vers le soleil levant.
•••••
Avant de poursuivre, il
me semble important d’ouvrir une brève parenthèse dans le but d’expliquer
pourquoi la Philosophie hermétique et ses applications opératives ; l’alchimie,
la magie et l’astrologie, ne sont plus respectées et valorisées comme elles le
furent par la science de nos anciens. Assurément, la simple évocation de l’une
d’elles suffit à déclencher les ricanements de nos contemporains. Cette
mentalité, aussi méprisante soit-elle, fut chapeautée par un courant de pensée
né au XVIIIème siècle, qui osa détourner, sans aucune pudeur, le
sens et l’utilisation du mot «
philosophie ». Soyons très clair sur ce sujet, la Philosophie
authentique n’a rien en commun avec la ‘‘philosophie’’ du siècle des
lumières ; les spéculations sociologiques, humanistes et naturalistes de
celle-ci n’ont jamais été les centres d’intérêt – plus salvateurs – partagés
des philosophes de l’antiquité tels que Zarathoustra (environ VIème av. JC), Aristote (384-322 av. JC) ou Confucius (551-479 av. JC). Il est certain que la quête de la spiritualité, de
la sagesse et de la vérité n’était pas animée de la même pureté chez les
rédacteurs de l’encyclopédie et de leurs consorts germaniques.
Du reste, pourquoi ne
pas avoir appelé leur courant intellectuel « la philosophie de la Lumière » au lieu de « la
philosophie des lumières » ?
Mettre le mot « lumière » au
pluriel marque une intention diabolique malfaisante de fragmenter ce qui ne
peut pas l’être. Par cette manipulation, a priori anodine, la vérité
n’existe plus en tant que telle, mais devient faussement multiple et à
géométrie variable selon l’orientation de chacun. Ne nous laissons surtout pas
aveugler par les tartuferies mondaines d’une certaine bourgeoisie de salon. Ne
perdons surtout pas de vu que l’authentique définition de la Philosophie est,
dans son excellence étymologique, l’amour de la sagesse. Pythagore (VIème siècle av. JC) précisait : « je suis philosophe, non pas quelqu’un qui
prétend posséder la sagesse, mais un homme qui s’efforce vers elle ». Attribuer
aux mots une architecture revisitée, afin de détourner la puissance de leurs
égrégores, fait partie des perversités qui ont été utilisées et financées par
une “élite” dominatrice pour asseoir la pérennité de leur pouvoir par la
destruction de l’héritage traditionnel de notre passé. Sous l’impulsion
révolutionnaire du siècle des lumières, imputée à tort au peuple par nos livres
d’histoire, la société entra dans un obscurantisme effréné et mortifère. Tout
ce qui était rattaché aux croyances de la culture précédente devait
disparaître, s’effacer, s’oublier, et comme un symbole, nos majestueuses
cathédrales furent saccagées.
La mentalité jacobine,
parachevée par des initiations fallacieuses, où les arrivistes en tout genre se
sont engouffrés, porta définitivement le coup de grâce avec l’idée abjecte que
l’homme pouvait désormais être considéré comme l’égal de Dieu. Ce genre de
doctrine est un blasphème au regard du verset 1 Corinthiens 6:19
: « ne savez-vous pas que votre corps est
le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que
vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? » Dès lors, l’enseignement
gnostique de la transcendance divine n’avait désormais plus sa place dans le
temple. Et l’opératif fut sournoisement remplacé par le spéculatif :
pourquoi s’évertuer à regarder le ciel et son planisphère étoilé, puisqu’aux
yeux de ces marchands, qui n’ont jamais vraiment quitté le temple, il n’existe
plus de vérité en dehors de celle de l’œil qui voit tout ?
Depuis l’avènement de
l’illuminisme : matérialiste, naturaliste et nominaliste, tout ce qui ne
peut être démontré, qualifié ou mesuré, n’existe plus. Comme Saint-Thomas, la
science de l’encyclopédie ne croit désormais que ce qu’elle voit, et les
doctrines hermétiques furent définitivement rangées sur les étagères de la
superstition. Et n’ayons pas peur des maux, ce rationalisme triomphant est à
l’origine de l’immobilisme, du conformisme et du rationalisme de la communauté
scientifique d’aujourd’hui. René Guénon précisa en son temps : « le rationalisme se définit essentiellement
par la croyance à la suprématie de la raison, proclamée comme véritable dogme,
impliquant la négation de l’intuition intellectuelle pure, ce qui entraîne
logiquement l’exclusion de toute connaissance métaphysique véritable ».
Parenthèses fermées,
revenons à une approche plus verticale de nos considérations.
••••
Depuis que les sociétés
n’ont d’initiatiques que le qualificatif, le seul moyen de trouver la grâce
tant recherchée est de se servir soi-même. La première étape concerne
l’assimilation des arcanes de la Philosophie hermétique, et en son sein,
l’étude de ses textes est inévitable. Pour un occultiste, ce travail ne demeure
pas moins une mince affaire puisque cette littérature regorge de
faux-semblants. Si vous ne saviez pas que les initiés voilaient toujours leurs
écrits à l’aide de la cabale, afin d’éloigner les envieux, leurs grimoires
n’étaient d’aucune utilité. Beaucoup d’aspirants furent ainsi mal inspirés.
Michel Sendivogius, le célèbre alchimiste du XVIIème
siècle, plus connu sous le nom du Cosmopolite, nous avertissait déjà : « si
Hermès, le père des Philosophes, ressuscitait aujourd'hui, avec le subtil Géber, le profond Raymond Lulle, ils ne seraient pas
regardés comme des Philosophes par nos Chymistes
vulgaires, qui ne daigneraient presque pas les mettre au nombre de leurs
Disciples, parce qu'ils ignoreraient la manière de s'y prendre pour procéder à
toutes ces distillations, ces circulations, ces calcinations et toutes ces
opérations innombrables que nos Chymistes vulgaires
ont inventées pour avoir mal entendu les écrits allégoriques de ces Philosophes
». À cela, il faut ajouter qu’après le tsunami de l’illuminisme entre le
XVIIIème et le XIXème siècle, les faux prophètes se sont
permis, afin de subjuguer leur auditoire, “d’enrichir’’ l’héritage d’Hermès de
textes tout droit sortis de leur imagination. Sachant qu’il faut contourner ces
supercheries, l’essentiel de notre exégèse doit donc se concentrer sur les
textes de la tradition orientale qui furent traduits en grec depuis les
conquêtes d’Alexandre le Grand au IVème siècle avant l’ère Chrétienne.
Lorsque le macédonien
s’empara de l’Égypte et y installa un de ses généraux comme nouveau pharaon («
pharaon » est un terme d’origine grecque qui se traduit par « celui qui porte le soleil »),
l’horizon de cette terre ancestrale fut ravivé par la flamme lumineuse d’un
nouveau phare. La plupart du temps, l’annexion d’une terre sonne souvent le
glas de la culture locale, mais avec la lignée des pharaons ptolémaïques ce ne
fut pas le cas. Plutôt que de détruire pour imposer leur vision, les nouveaux
législateurs reconstruisirent le pays pour lui redonner sa splendeur d’antan.
Sous l’impulsion de la Philosophie aristotélicienne, la culture
gréco-hellénistique se mélangea aux enseignements des écoles de mystères
égyptiennes et aux traditions multimillénaires du monde mésopotamien. Qu’il
vienne de l’un des premiers prophètes perses, en la personne de Zarathoustra
(dont le nom signifie « l’étoile d’or » ou « la splendeur du soleil »), ou des temples situés sur les rivages
du Nil, l’enseignement initiatique des castes sacerdotales reçu par les Grecs
n’est certes pas nouveau, car il est souvent répété que Platon (428-347 av. JC) et Pythagore (570-495 av. JC) en avaient déjà largement profité de leur temps.
La ville d’Alexandrie – rebaptisée du nom de son conquérant – devint alors un
lieu de rencontre et d’échange très prisé par tous les occultistes du bassin
méditerranéen en matière d’hermétisme. Dans ce prodigieux et merveilleux foyer
d’érudits, de savants et de mages, la gnose (« gnosis
» se traduit du grec par « la connaissance » et procède du désir de connaître
Dieu et ses secrets) fut incroyablement magnifiée. Mais, malheureusement pour
le salut de l’Humanité, la plupart des manuscrits produits durant cette
effervescence spirituelle semblent avoir péri dans les flammes de la mémorable
bibliothèque. Cette ultime barbarie contre l’héritage de nos pairs historique
ne fut pas seulement le témoin d’un changement de mentalité, elle marqua au fer
rouge l’entrée de notre civilisation sous le joug temporel de l’hegemon romain pour les millénaires à venir.
Même si, aujourd’hui, le
pouvoir de Rome n’est plus aussi prépondérant dans sa visibilité, soyez certain
que son pouvoir a su traverser les âges : après avoir conquis ses terres
par l’épée, l’Église catholique – héritière directe de l’Empire – s’est ensuite
emparée des âmes par le crucifix.
Fort heureusement pour
la tradition, 17 manuscrits, issus de la Philosophie égyptienne à l’ère
ptolémaïque, refirent surface sous les traductions de Marsile Ficin (1433-1499) – l’inévitable sommité de la Renaissance
italienne. Rassemblés sous l’appellation de Corpus Hermeticum,
ces textes sont considérés comme les textes fondateurs de l’hermétisme ;
sur la voie des sages, leur Philosophie rayonnante agit comme un prisme
naturel, et décompose la Lumière de la révélation divine dans les thématiques
suivantes :
- Ordre du cosmos
-
L’unité (omniscience, omnipotence et omniprésence
de l’éternel)
-
Le soleil
-
Le démiurge
-
Cohésion des sphères
-
Fusion des contraires et la polarité
-
Le visible et l’invisible
-
La vérité et l’illusion de notre réalité
-
La création à travers la mise en mouvement
circulaire de l’unité
-
Le noos et
la volonté créatrice
-
Le temps, l’espace et la matière
-
Le corps, l’âme et l’Esprit
-
Le bon, le beau, le bien et le juste
-
Les vices et les vertus
-
La création est un Art et la notion d’harmonie
-
L’Ogdoade
-
L’intelligence et sa relation à l’homme-dieu
-
Le rapport 12/10 (ou 6/5)
- Le zodiaque et
l’astrologie
À l’évidence,
l’évocation de l’astrologie dans cette liste peut paraître on ne peut plus
surprenante, mais sachez, malgré le sort qui lui est aujourd’hui réservé, que
les mages-initiés en ont toujours fait la pierre angulaire de toutes les
sciences de l’antiquité. Avec la magie et l’alchimie, cet ésotérisme rassemble,
sous le vocable de la théurgie, les 3
voies opératives de la Philosophie hermétique. Elles forment un tout
harmonieux, indissociable les unes des autres. Il est alors peu probable qu’un
alchimiste puisse se définir comme tel sans avoir été initié aux magistères des
deux autres disciplines. L’importance de cette trinité fut très bien comprise
par les Grecs puisqu’elle est suggérée dans le nom du dieu associé au père des
philosophes, le bien nommé : Hermès-Trismégiste.
En effet, à côté de la traduction communément admise de « trismégiste » par «
le 3 fois très grand », on
peut tout à fait, grâce à la phonétique, soumettre à l’hypothèse un autre
niveau de lecture, soit « les 3
magistères ». Même si la doctrine trinitaire de l’unité a traversé le temps par
le Panthéon du monde grec, son origine historique est bel et bien égyptienne.
La splendeur de ce testament se retrouve sur le plateau de Gizeh, où les 3 pyramides rappellent à l’intellect du
contemplateur que la trinité divine est atemporelle, immortelle et indestructible.
Comment ne pas être subjugué devant la majesté, la grandeur et le génie de la
civilisation qui les a bâtis ? Les propriétés géométriques, astronomiques
et énergétiques implicites à ces volumes révèlent aux yeux de tous, mais
surtout à ceux qui savent voir au-delà des apparences, la beauté d’une pensée
que la nôtre n’a jamais égalée.
L’héritage de cette
intelligence, venue de la nuit des temps, se personnifie également dans les
attributs du messager des dieux égyptiens, Djéhuty-Thot, dont la tradition s’est toujours plu à faire la comparaison
avec Hermès-Trismégiste. La plume du
regretté Jean Phaure (1928-2002) décrivait Djéhuty-Thot comme
tel : « il est le scribe de l'Ennéade
divine, le pinceau avec lequel écrit le dieu de l'univers, le créateur des
langues, le grand magicien des sphères qui préside à la création originelle
pour appeler le monde à l'existence par la parole, aux côtés de Ptah. Il est
surtout celui qui préside à l'ordre du monde, le grand calculateur, le maître
des cycles du temps ». Il est important de préciser que dans la théogonie
des Égyptiens, Djéhuty-Thot n’était pas considéré comme un
dieu au sens propre du terme, mais plutôt comme un neter
(très proche phonétiquement de « nature ») ; soit l’anthropomorphisation d’une Force, d’une action de l’immanence
divine dans le monde manifesté, une sorte d’hypostase ou un æon, comme aimaient le définir les
gnostiques. On ne peut plus être aussi charitable en vous offrant la clef qui
ouvre l’accès aux 12 vers de la table
d’émeraude (Tabula Smaragdina en latin ou Lawḥ al-zumurrudh en arabe),
sur laquelle tout le firmament de la Philosophie hermétique est synthétisée. Tous les occultistes, vercés dans l’histoire des religions, se sont pris de
passion pour ces écritures gravées sur une émeraude – une pierre précieuse de
couleur verte ; selon leur culture et leur époque, les plus lettrés
d’entre eux, ont produit une kyrielle de traductions, plus ou moins
représentatives de la première version écrite en arabe au IXème siècle :
l’appendice du Livre du secret de la création (Kitâb
sirr al-Halîka). Du
point de vue de la tradition, l’affiliation arabisante n’est pas dénuée de sens
puisque les descendants des Perses délogèrent les Byzantins d’Alexandrie au VIIème
siècle, et devinrent, par la force des choses, les vecteurs actifs de la
transmission initiatique.
Personnellement, je
préfère la traduction faite au XIVème siècle par Hortulain
à partir de la vulgate latine :
I.
Tout ce qui est en bas,
est ce qui est en haut : et ce qui est en haut, est ce qui est en bas, pour
faire les miracles d’une seule chose.
II.
Et comme toutes choses
ont été, & sont venues d’un, par la
médiation d’un : ainsi toutes les chose ont été nées de cette chose unique, par adaptation.
III.
Le soleil en est le
père, la lune est sa mère, le vent la portée dans son ventre ; la terre est sa
nourrice.
IV.
Le père de tout le Telesme de
tout le monde est ici. Sa Force ou puissance est entière,
V.
Si elle est convertie en
terre.
VI.
Tu sépareras la terre du
Feu, le subtil de l’épais doucement, avec grande industrie.
VII.
Il monte de la terre au
ciel, & derechef il descend en terre, & il reçoit la Force des choses supérieures &
inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde ; & pour cela
toute obscurité s’enfuira de toi.
VIII.
C’est la Force forte de toute force : car elle vaincra toute chose subtile,
& pénétrera toute chose solide.
IX.
Ainsi le monde a été
créé.
X.
De ceci seront &
sortiront d’admirables adaptations, desquelles le moyen est ici.
XI.
C’est pourquoi j’ai été
appelé Hermès-Trismégiste, ayant les 3 parties de la Philosophie de tout le monde. Ce que
j’ai dit de l’opération du soleil est
accompli, & parachevé.
Ces vers trouvent une curieuse résonnance
avec le prologue de l’évangile de Saint-Jean, cité ci-dessous :
I.
Au commencement était le
Verbe (le Logos), la parole de
Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
II.
Il était au commencement
auprès de Dieu.
III.
Par lui, tout s’est
fait, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.
IV.
En lui était la vie, et
la vie était la Lumière des hommes ;
V.
La Lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont par arrêtée.
VI.
Il y eut un homme envoyé
par Dieu. Son nom était Jean.
VII.
Il était venu comme
témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
VIII.
Cet homme n'était pas la
Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage.
IX.
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
X.
Il était dans le monde,
lui par qui le monde s'était fait, mais le monde ne l'a pas reconnu.
Effectivement, les
similitudes entre les deux textes sont plus que frappantes. Par conséquent, les
scribes de l’Église catholique se sont probablement inspirés de la sapience
contenue dans le souffle des textes hermétiques. Dans la création des ‘‘saintes
écritures’’, le plagiat de manuscrits antérieurs par les pères de l´Église se
confirme par deux fois. D´une part, L’évangile de Jean ressemble, à s’y
méprendre, aux évangiles gnostiques de Cérinthe, écrits au premier siècle de
l´ère chrétienne. D´autre part, l´apocalypse (« apocalypsis
» se traduit du grec par « révélation »), écrite par Saint-Jean, est
l’assemblage d’une kyrielle de textes sacrés, comme Le livre d’Hénoch
ou Le livre d’Ezéchiel.
Dans un sens, la volonté
d’incorporer des connaissances ancestrales au message de l’apôtre favori du
Christ, qui est toujours accoutré d’un manteau vert dans l’iconographie,
indique que le catholicisme s’est façonné sur des doctrines païennes
préexistantes. En plus, n'oublions pas qu’avant l’invention de l’imprimerie au
XVème siècle, falsifier un manuscrit était un jeu d’enfant, et les
mystificateurs, ayant soif de suprématie religieuse, manièrent cette pratique
avec le succès que l’on connaît. Par exemple, en ce qui concerne les écritures
de l’ancien testament, tous les exégètes savent que les dix commandements,
supposément délivrés à Moïse par Dieu sur le mont Sinaï, ne sont qu’un vulgaire
plagiat du paragraphe 1:125 du livre des morts
égyptiens. Que cela vous plaise ou non, la théologie judéo-chrétienne n’est
qu’une pâle copie des préceptes gnostiques du neter
à l’unique œil vert : Hor ou Horus – le porteur de Lumière égyptien.
Rien de nouveau sous le soleil, les Hébreux ont également recyclé ce qui
existait déjà avant eux. C’est pourquoi les différents textes bibliques, le
pentateuque et les évangiles canoniques ne pourront jamais être considérés
comme des vérités historiques, ou des références théologiques indiscutables.
Malgré tout, même
altérée, la littérature sacrée recèle encore bien des trésors initiatiques sur
lesquels il serait bon de se pencher, parce que le syncrétisme théosophique,
que l´on retrouve dans les textes des différentes cultures civilisationnelles,
suggère irrémédiablement une origine commune, un syncrétisme, une sorte de
tradition primordiale comme aimait le définir René Guénon.
Ceci dit, revenons aux
vers de la table d’émeraude.
•••••
Dans ces vers, ce qui frappe de prime abord notre
attention est le principe totalement novateur qu’une Force (« le Verbe » dans
le prologue de Saint-Jean) serait lié à la création du monde, à l’action du
soleil (symbole de la Lumière) et à la médiation de l’unité. Cette conception
ancestrale de la genèse de la matière est singulièrement très proche de la
déclaration que fit Max Planck, prix Nobel de physique en 1919 : « toute
matière n’existe qu’en vertu d’une Force qui fait vibrer les particules et
maintient ce minuscule système solaire de l’atome. Nous devons assumer derrière
cette Force l’existence d’une conscience et d’un Esprit intelligent. Cet Esprit
est la matrice de toute matière ». On ne peut qu’être sidérés par la
connaissance des initiés de l’Antiquité, à savoir qu´ils avaient déjà compris
ce que les hommes du XXème siècle commençaient à peine de découvrir.
Et ne nous méprenons pas, c’est bel et bien l’existence de Dieu qui est suggéré
par cette sommité de la communauté scientifique. La réalité de champs
inaccessibles, indescriptibles et incommensurables ne peut plus être regardée
comme un artifice de films de science-fiction ou comme les divagations des
maîtres de sagesse venus d’orient. Il est vrai que
notre génération pense automatiquement aux films de Georges Lucas dès que
l’idée d’une force est mentionnée. Il est aussi vrai que personne ne se doute
que la description de la Force faite par maître Yoda à son jeune apprenti : «
Mon allié est la Force et c'est un allié puissant. La vie la crée, la fait
croître, son énergie nous entoure et nous lie. Nous sommes des êtres lumineux,
pas de cette matière brute. Tu dois sentir la Force autour de toi, entre toi,
moi, l'arbre, le rocher, partout. », est en tout point similaire avec celle
de la tradition des mages. Maîtriser la Force, c´est accéder, comme vous l´avez
deviné, au rang de chevalier… Après de longs siècles d’ineptie religieuse, la
science adogmatique et la culture populaire peuvent enfin se réconcilier sur le
terrain fertile de la clairvoyance gnostique.
Grâce à ces révélations sur la Force, qui assimile la
création à la volonté d’une conscience intelligente ou d’un démiurge, les 12 vers de la table d’émeraude guident la conscience de
chacun sur la primauté et l’exactitude de la vision des disciples d’Hermès. Là
où nos pairs se limitent à une science des effets : matérielle, nos ancêtres
surpassaient déjà le monde intelligible et se concentraient directement sur la
cause de la manifestation : spirituelle, en dehors du temps et de l’espace.