INTRODUCTION
Publié le 28 Octobre 2021
Toutes les photographies ont été réalisées par Ludovic
Nicolas © 2022
Sachez que cette thèse n’est pas destinée à être validée
par une quelconque autorité, elle n’en a pas besoin. De toute façon, les
chemins que nous allons emprunter ne sont jamais enseignés dans les
universités, le dogmatisme de leur système ne le permet pas. Ainsi, en
surpassant la conformité aliénante de l’éducation régalienne, nous pourrons
étudier les matières qui nous sont chères sous n’importe quel angle, avec une
liberté de pensée sans limites et sans concessions. C’est d’ailleurs en
cultivant une certaine singularité que le fruit de ce travail a pu fleurir,
s’épanouir et se révéler en dehors des terrains dans lesquels notre curiosité
est enfermée habituellement. Être vivifié d’une telle ouverture d’esprit est
une bénédiction et j’aimerais, sans avoir à en rougir, partager avec vous la
rose de sa quintessence.
~
Cette épopée commença le jour où mes yeux se sont tournés
vers le ciel. Du moins, la nuit où je pris conscience que la voûte étoilée
tournait inexorablement autour d’un point fixe, comme le ferait une roue autour
d’un essieu. Face à ce spectacle grandiose, jamais je n’aurais pu croire que
mes réflexions sur les rouages du cosmos passeraient par une pléiade de centre
d’intérêts ; de l’astronomie jusqu’aux sphères, apparemment immobiles, de la
minéralogie.
Dans cette dynamique, je me suis alors tourné vers la
science académique, et malgré des découvertes probantes dans certains secteurs
comme celui de la physique quantique, j’y ai trouvé beaucoup de théories et
très peu de théorèmes. Une théorie, comme le définit le dictionnaire Larousse,
est un système d'hypothèses sous-tendant
les interprétations des événements. Une théorie ne définit donc pas des
règles et des lois immuables. Cet explicite constat semble, malgré tout, avoir
échappé à certains acteurs de la communauté scientifique ; ceux qui continuent
à prendre les vessies pour des lanternes. En effet, le dogme scientifique
contemporain s’appuie, dans son ensemble, sur des théories compliquées,
elles-mêmes auto-alimentées par la nature du langage mathématique qui est
utilisé dans la rédaction de leurs équations.
Ces lignes de glyphes sont très impressionnantes pour le
commun des mortels mais, comme le soulignait René Guénon, elles s’éloignent de
la réalité sensible qu’elles prétendent expliquer, l’exemple le plus révélateur actuellement est sans aucun doute la théorie
des cordes. Et déjà, au début du XXème siècle, le visionnaire de la
physique invisible ; Nikola Tesla (1856-1943), nous avertissait des dérives spoliatrices que le
langage mathématique pouvait occasionner. Voici la déclaration qu’il fit au
sujet de son homologue devenu depuis l’icône indétrônable de la science, au
journal américain le New York Times en 1931, je cite : “Le travail de relativité d'Einstein est un magnifique déguisement
mathématique qui fascine, éblouit et rend les gens aveugles aux erreurs
sous-jacentes. La théorie est comme un mendiant vêtu de violet que les
ignorants prennent pour un roi ... ses représentants sont des hommes brillants
mais ce sont des métaphysiciens plutôt que des scientifiques.”
Une fois que nous avons accepté le fait que certaines
théories sont actuellement enseignées comme des vérités, il est plus simple de reconnaître que la science a perdu le cœur de la beauté qui la
définissait. Les heures glorieuses qui firent sa réputation sont désormais
derrière elle et les flambeaux qui la dissociaient de la religion diffusent
dorénavant une lumière plus que faiblarde. Richard Feynman (1918-1988), prix
Nobel de Physique en 1965 pour ses travaux sur le développement
de l'électrodynamique quantique, n’avait
pas peur d’admettre : “La science est la croyance en l'ignorance des experts.” C’est un
fait, la science a sombré dans des systèmes doctrinaux dont elle a du mal à
faire l’exorcisme et c’est avec une vanité affichée que les gardes fous des
universités ridiculisent tout ce qui n’est pas issu de leur champ des
possibles. Une telle mentalité ne pourra jamais initier le changement de paradigme
dont le monde scientifique a besoin pour évoluer. Le jour où notre approche
fusionnera avec les principes à la source de la création, peut-être que la
nature nous révélera de nouveau les engrenages utilisés par le régisseur de sa
magistrale horloge.
~
Prenons pour preuve un exemple en cosmologie ; malgré
les croyances universitaires, les astrophysiciens n’ont toujours pas mis en
évidence la mécanique sous-jacente aux mouvements circulaires des planètes dans
notre système solaire. L’explication aujourd’hui avancée est soutenue par les
équations d’Isaac Newton (1642-1726)
et concerne la notion de gravité universelle. Ces équations
permettent de calculer la chute d’un objet sur terre et donnent une solution
mathématique pour expliquer l’équilibre entre deux corps célestes, mais ne
précisent absolument pas pourquoi ces derniers se déplacent. Quoi qu’on en
pense, la loi citée dans l’illustration ci-dessous n’a jamais démontré la
course orbitale des planètes. Ce déplacement est vectorisé par la force f où nous avons pris le satellite de la terre comme référence
pour l’exprimer. Dans aucunes des équations concernées, cette force est prise
en compte et c’est précisément là que le bât blesse.
Si aucun élément de réponse sur l’origine de
la force f ne peut être formulé, la théorie de la gravité
universelle ne peut pas être validée telle qu’elle est présentée. D’autant plus
qu’aucun appareil ne peut détecter cette soi-disant force de cohésion et
qu’aucun scientifique ne peut reproduire son champ en laboratoire. De toutes
les interactions fondamentales, et parce qu’elle échappe le plus à notre
compréhension, la gravité universelle reste l’un des plus épais mystères de
l’astrophysique d’aujourd’hui. Il faut reconnaitre que le manque de rigueur
scientifique qui entoure ce concept n’est pas rassurant sur la qualité de
l’expertise et affaibli les piliers sur lesquels sa réputation repose.
Néanmoins, les spéculations, plus invraisemblables les unes que les autres,
continent de fleurir sur la scène scientifique, mais en vérité, depuis la
théorie la courbure de l’espace-temps et les hypothétiques particules
subatomiques du monde quantique appelées gravitons,
nous n’avons pas avancé d’un iota. Pourquoi ? parce que l’origine de ce
phénomène naturel, aussi surprenant que cela puisse paraître, reste toujours
inconnu.
Le deuxième exemple symptomatique du marasme
dans lequel nous baignons est mis en lumière par les spéculations qui entourent
l’espace invisible du continuum sidéral. Un mystère qui occupe près de 96% de
notre univers.
Depuis que les astrophysiciens ont observé
l’accélération de l’expansion de notre
univers, il parait évident qu’il existe bien une impulsion énergétique
derrière ce phénomène. Quelle qu’elle
soit, cette énergie semble composer l’essence d’un champ, plus ou moins dense,
qui occupe les 96% considéré jusque-là comme vide. Ce que nous appelions “vide”
ne le serait pas du tout et ces 96% seraient donc remplis d’une substance
indescriptible à notre monde tangible, mais malgré tout interagissant avec
celui-ci. Il n’est donc pas impossible que derrière le monde accessible aux
sens de l’homme se cache un espace nouveau dont nous ignorons totalement
l’existence.
Cette vision fut largement corroborée par les
plus éminents scientifiques au début du XXème siècle, David Böhm (1917-1992), un des pères de la physique quantique,
déclara à ce sujet : “L’espace n’est pas vide, il est plein.
L’univers n’est pas séparé de cette mer cosmique d’énergie noire.”
Même
si le modèle standard de l’astrophysique semble se satisfaire avec le supposé “big bang” et l’explication de la
cohésion de certaines galaxies par l’éventuel densification de l’énergie
noire en matière noire, notre appréhension de l’univers reste toujours
juvénile, incorrecte et cousue de fils blancs. Le genre humain ne pourra jamais
s’émanciper de son âge de pierre cosmique si nous nous acharnons à vouloir
construire, toujours plus haut, sur les fondations d’une “science” qui a démontré ses limites et qui relève plus de la théorie
mathématique que du théorème empirique.
A
cela, n’oublions surtout pas que la gravité Newtonienne pose un autre problème
majeur pour les physiciens parce qu’elle empêche l’unification entre la
mécanique quantique et la théorie de relativité générale. Soit ces théories
sont toutes fausses, soit au moins l’une d’entre elle l’est. Mais pour
l’instant, et malgré les impasses manifestes, personne ne semble vouloir
orienter ses réflexions vers des directions différentes, surtout lorsqu’elles
s’attaquent aux théories des icônes indétrônables de la science moderne. Eh
oui, il est aujourd’hui impensable de remettre en question les dieux du
panthéon scientifique dont Isaac Newton et Albert Einstein font partie. Le
refus de se prosterner devant eux signerait votre exclusion définitive de la
communauté scientifique, la perte de votre crédibilité et de votre respectabilité.
En toute objectivité, leur vénération relève plus de l’ingénierie sociale que
de la reconnaissance du génie humain véritable. Bref, si vous voulez faire
carrière, il est préférable d’éviter certaines questions.
Comme
nous n’avons rien à perdre, nous pouvons nous permettre d’en poser
quelques-unes. En rapport avec nos considérations, voici
les plus pertinentes dans le model communément admis, celui de Nicolas Copernic
(1473-1543) :
- Qu’est-ce qui pousse la terre à tourner sur
elle-même ?
-
Qu’est-ce
qui pousse la terre à tourner autour du soleil ?
-
Qu’est-ce
qui pousse le système solaire à tourner autour du centre de la galaxie ?
-
Pourquoi
les planètes tournent-elles autour du soleil sur un plan commun ?
-
Pourquoi
les planètes tournent-elles sur elles-mêmes ?
-
Pourquoi
peut-on prédire le mouvement et la position des astres avec une si grande
précision dans le temps ?
-
Pourquoi
la terre, le soleil et toutes les planètes ont-elles toutes la forme d’une
sphère ?
-
Suivant
la loi empirique de la physique action-réaction,
quel type d’énergie est consommé dans le mouvement des astres ?
-
Est-ce
possible que le mouvement circulaire de nos astres brillants soit une réaction
à l’action de cette mystérieuse énergie
noire ?
-
Est-ce
les mystères qui entourent la mécanique de la gravité universelle ne
seraient-ils pas être les effets observables d’une cause invisible au sein de
l’énergie noire ?
A mon
avis, les réponses tant recherchées sont occultées au cœur de cette abstraction
du monde matériel qu’on appelle énergie noire.
Comment
franchir les portes d’un univers invisible, inconnu et encore inexploré ?
Si la science de nos pairs semble avoir atteint ses limites, vers où me tourner
?
~
Les
premières clefs qui débloquèrent l’accès à ce royaume me furent données, de
façon totalement fortuite un livre écrit par le fameux adepte Fulcanelli : Le mystère des cathédrales et
l’interprétation ésotérique des symboles Hermétiques du Grand-Œuvre. Cet ouvrage, classique et incontournable en
matière d’alchimie, fut l’étincelle qui mit le feu aux poudres. A la première
lecture, une essence mystérieuse vient embaumer mon esprit et malgré mon
impuissance à fixer son parfum, le contenu de cet ouvrage résonna d’une façon
très significative en mon for intérieur. En effet, le langage imagé employé tout au long de ces pages
ne m’était curieusement pas étrangé. Ce type langage, si particulier, se
spécifie dans le caractère Cabalistique de son expression, et même s’il fut
oublié dans les tiroirs de l’histoire, il est essentiel de rappeler qu’il a été
l’apanage de tous les grands initiés, d’une telle manière que leurs secrets
pouvaient être transmis en toute discrétion avec les générations s’efforçant de
creuser la question de la pierre
philosophale.
La
meilleure définition de la cabale que j’ai pu trouver est la suivante (je n’ai
malheureusement pas noté son auteur) : “La
Cabale Hermétique est une langue d'espèce hiéroglyphique, jouant sur tous les
registres de l’expression : images, mots, lettres, nombres, sons, couleurs,
formes, poids, etc. ainsi que sur des conventions secrètes, dont la métaphore
et les rébus emblématiques sont le type le plus répandu. Elle n'a pas de forme
propre ou particulière, et ne dépend que de la culture et de l'imagination de
ceux qui la mettent en œuvre.”
Les
applications de ce mode de communication universel ne sont pas l’exclusivité
d’une seule confession. A l’origine, il est plus que probable qu’il fut
l’apanage des castes sacerdotales égyptiennes, avant de se propager dans le
monde grec. D’ailleurs le terme kabbale
attribué aux Hébreux au XIIIème siècle vient du grec kabbalès et définit un cheval de somme. Dans une autre syntaxe,
ce qui permet de ne pas les confondre, Cabale
vient du latin Caballus pour le cheval. La relation sémantique
évidente entre cavalier et Cabaliste lève ainsi le voile sur le
caractère Hermétique des contes sur la chevalerie. En effet, la connaissance a
comme emblème le cheval et au même titre, elle doit être apprivoisée avant de
pouvoir se répandre par monts et par vaux. Depuis la légende Arthurienne et la
fameuse quête du Graal, les chevaliers de la table ronde remplirent largement
cette mission. N’oublions pas de rendre à Chrétien de Troye, fondateur de cette
la littérature au XIIème siècle, l’hommage qui lui est dut.
Afin de comprendre comment l’esprit de la Cabale
s’articule, prenons un exemple bien connu avec le mot occulte. Ce choix n’est pas anodin puisqu’il permettra d’éloigner
définitivement de vos pensées son association à des pratiques peu avouables. La
structure du mot OCCULTE peut être décomposée en O, C et CULTE. Pour un Hermétiste, le O (pointé) est
un des signes hiéroglyphiques du soleil et le C dans sa courbure, celui de la
lune. Occulte met ainsi l’accent
sur le CULTE voué à ces deux luminaires.
D’un point de vu opératif, cette lecture n’est pas si éloignée de la
définition qu’en donne le dictionnaire Larousse : Qui agit, ou qui est fait de façon secrète, dont les buts restent
inconnus, cachés : une influence occulte (radiations solaire et lunaire).
Cette manière de transmettre la connaissance fut utilisé
par tous les grands Artistes au cours de notre histoire. Les initiés se
servaient de leurs œuvres comme un moyen de communiquer leurs secrets, en toute
impunité, à ceux qui savaient assimiler leurs arcanes. Lorsque je pris
réellement conscience de la portée et des implications de cette extraordinaire
révolution conceptuelle et culturelle, mes pieds ne touchèrent plus le sol
pendant quelques jours et mon excitation frisa l’illumination. En effet, je
m’amusais naturellement à faire les mêmes genres d’analogie Cabalistique depuis
ma plus tendre enfance. Ce que j’avais toujours pris pour une prédisposition
qui me mènerait vers les hôpitaux psychiatriques m’apparaissait désormais être
un don qu’il fallait exploiter, un signe venait de m’être envoyé et je pris son
message avec la plus haute des considérations. L’Hermétisme me parlait et mon
destin y était mêlé.
Cette doctrine initiatique venue de l’antiquité allait
devenir une source d’inspiration intarissable, mes élucubrations les plus
métaphysiques allaient enfin être canalisées. Je sus intuitivement, et sans
l’ombre d’un doute, que j’allais enfin pouvoir pénétrer ce mystérieux royaume
de l’invisible. J’avais 30
ans et depuis le monde sublunaire, je me suis orienté vers le soleil levant.
~
Avant de poursuivre, il me semble important d’ouvrir une
brève parenthèse afin d’expliquer pourquoi la philosophie Hermétique et ses
applications opératives ; l’alchimie, la magie et l’astrologie, ne sont
plus respectées et valorisées comme elles le furent par la science de nos anciens.
Assurément, la simple évocation de l’une d’elles suffit à
déclencher les ricanements de nos contemporains. Cette mentalité, aussi
méprisante soit-elle, fut chapeautée par un courant de pensée né au XVIIème
siècle, qui osa détourner, sans aucune pudeur, le sens et l’utilisation du mot philosophie. Soyons très clair, les
spéculations sociologiques, humanistes et naturalistes de “la philosophie des lumières”
n’ont jamais été les centres d’intérêt partagés les authentiques philosophes de
l’antiquité. Zarathoustra (environ
VIème av. JC),
Pythagore (570-495 av. JC) et Confucius (551-479
av. JC) ont dédié toute leur vie
à la spiritualité, à la sagesse et à la quête de la vérité, et je doute que les
rédacteurs de l’encyclopédie étaient animés par la même pureté dans leurs
actions. D’ailleurs, pourquoi ne pas avoir appelé leur courant
intellectuel “ la philosophie de
la Lumière “ au lieu de “la philosophie des lumières“ ? Mettre le mot Lumière au pluriel marque une
intention diabolique de fragmenter ce qui ne peut pas l’être. Par cette
manipulation, a priori anodine, la vérité n’existe plus en tant que telle mais
devient faussement multiple et à géométrie variable selon l’orientation de
chacun. Ne nous laissons pas aveugler par les tartuferies mondaines d’une
certaine bourgeoisie de salon et ne perdons surtout pas de vu que l’authentique
définition de la philosophie est, dans son excellence étymologique : l’amour de la sagesse. Pythagore
précisait : “Je suis philosophe, non pas quelqu’un qui prétend posséder la sagesse,
mais un homme qui s’efforce vers elle.”
Attribuer aux mots une architecture revisitée, afin de détourner
la puissance de leurs égrégores, fait partie des perversités qui ont été
utilisées et financées à cette époque par une “élite” dominatrice dont
la finalité était de détruire, afin d’assoir leur pouvoir, tout l’héritage
traditionnel de notre passé. Sous cette impulsion révolutionnaire, imputée à
tort au peuple par nos livres d’histoire, la société entra dans un
obscurantisme effréné et mortifère, tout ce qui était rattaché à la culture
précédente devait être effacé et comme un symbole, nos majestueuses cathédrales
furent saccagées.
La mentalité jacobine, parachevée par des initiations
fallacieuses où les arrivistes en tout genre se sont engouffrés, porta
définitivement le coup de grâce avec l’idée abjecte que l’homme pouvait
désormais être considéré comme l’égal de dieu. Cette vision conceptuelle un blasphème
au regard du verset 1 Corinthiens 6:19 : “Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui
est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à
vous-mêmes ?”
L’enseignement Gnostique de la transcendance divine
n’avait désormais plus sa place dans le temple et l’opératif fut
sournoisement remplacé par le spéculatif. Pourquoi s’évertuer à regarder le
ciel et son planisphère étoilé, puisqu’aux yeux de ces marchands, qui n’ont
jamais vraiment quitté le temple, il n’existe plus de vérité en dehors de celle
de l’œil qui voit tout ?
Depuis l’avènement de l’illuminisme, matérialiste et
nominaliste, tout ce qui ne peut être démontré, ou mesuré, n’existe plus. Comme
Saint-Thomas, la science de l’encyclopédie ne croit désormais que ce qu’elle
voit, les doctrines Hermétiques furent ainsi définitivement rangées sur les
étagères de la superstition et n’ayons pas peur des maux, ce rationalisme
triomphant est à l’origine de l’immobilisme et du conformisme de la communauté
scientifique d’aujourd’hui. René Guénon déclara : “Le rationalisme se définit essentiellement par la croyance à la
suprématie de la raison, proclamée comme véritable dogme, impliquant la
négation de l’intuition intellectuelle pure, ce qui entraine logiquement
l’exclusion de toute connaissance métaphysique véritable.”
Parenthèse fermée, revenons à une approche plus verticale
de nos considérations.
~
Depuis que les sociétés n’ont d’initiatiques que le
qualificatif, le seul moyen de trouver la grâce tant recherchée dans la quête
de la pierre philosophale est de se
servir soi-même. La première étape est évidemment d’assimiler les arcanes de la
philosophie Hermétique, et en son sein, l’étude de ses textes est inévitable.
Pour un occultiste, ce travail ne demeure pas moins une mince affaire puisque
cette littérature regorge de faux-semblants. Si vous ne saviez pas que les
initiés voilèrent toujours leurs écrits à l’aide de la Cabale afin d’éloigner
les envieux, leurs grimoires n’étaient d’aucune utilité. Beaucoup d’aspirants
furent ainsi mal inspirés.
Michel Sendivogius, le célèbre alchimiste du XVIIème
siècle, plus connu sous le nom du Cosmopolite, nous mettait déjà en garde: “Si Hermès, le père des Philosophes,
ressuscitait aujourd'hui, avec le subtil Géber, le profond Raymond Lulle, ils
ne seraient pas regardés comme des Philosophes par nos Chymistes vulgaires, qui
ne daigneraient presque pas les mettre au nombre de leurs Disciples, parce
qu'ils ignoreraient la manière de s'y prendre pour procéder à toutes ces
distillations, ces circulations, ces calcinations et toutes ces opérations
innombrables que nos Chymistes vulgaires ont inventées pour avoir mal entendu
les écrits allégoriques de ces Philosophes.”
A cela il faut ajouter qu’après le tsunami de
l’illuminisme du XVIIème au XIXème siècle, les faux
prophètes se sont permis, afin de subjuguer leur auditoire, “d’enrichir’’
l’héritage d’Hermès de textes sortis tout droit de leur imagination.
L’essentiel de notre exégèse doit se concentrer sur les textes qui furent
probablement rédigés en Egypte les siècles précédents l’avènement de l’ère
Chrétienne. Cette période coïncide avec la conquête de ce territoire par
Alexandre le Grand et l’installation d’un de ses généraux comme nouveau pharaon
(pharaon est un terme grec qui se
traduit par celui qui porte le soleil).
La plupart du temps, l’annexion d’une terre sonne souvent le glas de la culture
locale, mais avec la lignée des pharaons ptolémaïques ce ne fut pas le cas.
Plutôt que de détruire pour imposer leur vision, les nouveaux législateurs
reconstruisirent le pays et l’Egypte retrouva le rayonnement qui fit sa
renommée. Sous l’impulsion de la philosophie aristotélicienne et platonicienne,
l’instruction gréco-hellénistique se mélangea avec la culture égyptienne
millénaire et ses écoles de mystères, mais aussi avec la tradition du monde mésopotamien
et la richesse de son patrimoine.
Une relation qui n’est certes pas nouvelle car il est
souvent répété que Platon (428-347
av. JC) et Pythagore (570-495 av. JC) furent
aussi les élèves des castes sacerdotales dans les temples situés sur les
rivages du Nil, l’enseignement initiatique qu’elles défendaient était aussi
prêché par l’un des premiers prophètes perses, en la personne de Zarathoustra,
dont le nom signifie l’étoile d’or ou
la splendeur du soleil.
Fraichement rebaptisée par le nom de son conquérant, la
ville d’Alexandrie devint alors un lieu de rencontre et d’échange très prisé
par tous les spécialistes en matière occulte du bassin méditerranéen. Dans ce
prodigieux et merveilleux mélange d’érudits, de savants et de mages, la Gnose (Gnosis se traduit du grec par la connaissance et procède du désir de
connaitre dieu et ses secrets) y fut incroyablement magnifiée et fortifiée.
Malheureusement pour le salut de l’Humanité, la plupart des manuscrits produits
durant cette effervescence semblent avoir péris dans les flammes de la
légendaire bibliothèque.
Cette Barbarie ne fut pas seulement le témoin d’un
changement d’époque et de mentalité, elle marqua au fer rouge l’entrée de notre
civilisation dans la décadence de l’Empire Romain. Et même si ce pouvoir n’est
plus aussi prépondérant dans sa visibilité, il a toujours su se renouveler
jusqu’à aujourd’hui ; après avoir conquis les terres par l’épée, l’église
de Rome, héritière directe de l’empire et appelée la synagogue de satan par les
Cathares (les derniers défenseurs de la Gnose Chrétienne authentique), s’est
ensuite emparée des âmes par le crucifix.
17 manuscrits grecs issus de la philosophie de l’ère Alexandrienne furent traduits par l’inévitable sommité de
la Renaissance italienne : Marsile Ficin (1433-1499). Rassemblés
sous l’appellation de corpus Hermeticum, ils sont toujours considérés comme les textes fondateurs
de l’Hermétisme : un phare sur la voie des sages puisqu’ils apportent un
éclairage exceptionnel sur la nature de la révélation divine.
Ces écritures agissent comme un prisme et décomposent la
Lumière du messager des dieux dans les thématiques suivantes :
- Ordre du cosmos
- L’unité (omniscience, omnipotence et omniprésence de
l’éternel)
- Le soleil
- Le démiurge
- Cohésion des sphères
- Fusion des contraires et la polarité
- Le visible et l’invisible
- La vérité et l’illusion de notre réalité
- La création à travers la mise en mouvement circulaire de
l’unité
- Le noῦs et la volonté créatrice
- Le temps, l’espace et la matière
- Le corps, l’âme et l’esprit
- Le bon, le beau, le bien et le juste
- Les vices et les vertus
- La création est un Art et la notion d’harmonie
- L’ogdoade
- L’intelligence et sa relation à l’homme-dieu
- Le rapport 12/10
- Le zodiaque et l’astrologie
Sans aucun doute, l’évocation de l’astrologie dans cette
liste peut paraître
surprenante, mais sachez que malgré le sort qui lui est aujourd’hui réservé,
les mages-initiés en faisait la pierre angulaire de toutes les sciences. Avec
la magie et l’alchimie, cet ésotérisme rassemble, sous le vocable de la
théurgie, les 3 voies opératives de la philosophie Hermétique. Elles
forment un tout harmonieux et sont indissociables les unes des autres. Dès
lors, il est peu probable qu’un alchimiste puisse se définir comme tel sans
avoir été initié aux magistères des deux autres disciplines. L’importance de
cette trinité fut très bien comprise par les grecs puisqu’elle est indiquée
dans le nom du dieu associé au père des philosophes, le bien nommé : Hermès-Trismégiste. En effet, à côté de
la traduction grecque communément admise de Trismégiste
par le 3 fois très grand, on peut tout à fait,
grâce à la phonétique, soumettre à l’hypothèse un autre niveau de lecture, soit
les 3 magistères.
Il ne faudrait cependant pas oublier que même si la
doctrine trinitaire de l’unité a traversé le temps par le panthéon du monde
grec, son origine historique est égyptienne.
Il suffit de contempler les 3
pyramides du plateau de Gizeh pour être subjugué devant la majesté, la grandeur
et le génie de cette civilisation. Les propriétés géométriques, astronomiques
et énergétiques implicites à ces volumes révèlent aux yeux de tous, mais
surtout à ceux qui savent voir au-delà des apparences, la beauté d’une
pensée que la nôtre n’a jamais égalée.
L’héritage de cette intelligence, venue de la nuit des
temps, se personnifie aussi dans les attributs de l’auteur des écritures
sacrées égyptiennes ; Djéhuty-Thot,
dont la tradition s’est toujours plu à faire la comparaison avec Hermès-Trismégiste. La plume du regretté Jean Phaure (1928-2002)
décrivait le messager des dieux égyptien comme tel : “Il est le scribe de l'Ennéade divine, le pinceau avec lequel écrit le
dieu de l'univers, le créateur des langues, le grand magicien des sphères qui
préside à la création originelle pour appeler le monde à l'existence par la
parole, aux côtés de Ptah. Il est surtout celui qui préside à l'ordre du monde,
le grand calculateur, le maître des cycles du temps.”
Il est important de préciser que, dans leur théogonie,
les égyptiens ne considéraient pas Djéhuty-Thot comme un dieu au sens
propre du terme, mais plutôt comme un neter
(très proche phonétiquement de nature) ; soit l’anthropomorphisation d’une Force, une action de l’immanence divine
dans le monde manifesté, une sorte d’hypostase, un Aiôn comme aimaient le
définir les Gnostiques. Cette clef facilitera l’accès au légendaire texte de la
table d’émeraude dont les 12
vers synthétisent toute la philosophie Hermétique et sont, par conséquent,
portés au firmament de la littérature initiatique.
De très nombreuses traductions circulent actuellement,
elles viennent toutes d’un document arabe qui fut découvert à la renaissance et
qui suscita l’intérêt des érudits bercés dans l’histoire des religions.
L’affiliation arabe de la tradition Hermétique n’est pas dénuée de sens puisque
les perses délogèrent le pouvoir Byzantin d’Alexandrie au VIIème
siècle. Avec ces nouveaux échanges, les arabes purent s’approprier la culture
locale et devenir les vecteurs actifs de la transmission.
Voici la traduction faite par Hortulain
à partir de la vulgate latine au XIVème siècle :
I.
Il est vrai sans mensonge, certain et très véritable
II.
Ce qui est en bas, est ce qui est en haut : et ce qui est
en haut, est ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose.
III.
Et comme toutes choses ont été, & sont venues d’un,
par la médiation d’un : ainsi toutes
les chose ont été nées de cette chose
unique, par adaptation.
IV.
Le soleil en est le père, la lune est sa mère, le vent la
portée dans son ventre ; la terre est sa nourrice.
V.
Le père de tout le
telesme de tout le monde est ici. Sa force ou puissance
est entière,
VI.
Si elle est convertie en terre.
VII.
Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais
doucement, avec grande industrie.
VIII.
Il monte de la terre au ciel, & derechef il descend
en terre, & il reçoit la force des
choses supérieures & inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire de tout
le monde ; & pour cela toute obscurité s’enfuira de toi.
IX.
C’est la force
forte de toute force : car elle vaincra toute chose subtile, &
pénétrera toute chose solide.
X.
Ainsi le monde a été créé.
XI.
De ceci seront & sortiront d’admirables adaptations,
desquelles le moyen est ici.
XII.
C’est pourquoi j’ai été appelé Hermès-Trismégiste, ayant
les trois parties de la philosophie de tout le monde. Ce que j’ai dit de l’opération du soleil est accompli,
& parachevé.
Le prologue de l’évangile de Saint-Jean, cité ci-dessous,
résonne étrangement avec les vers de la table d’émeraude :
I.
Au commencement était le verbe… La parole de Dieu, et le verbe était auprès de Dieu, et
le verbe était Dieu.
II.
Il était au commencement auprès de Dieu.
III.
Par lui, tout s’est fait, et rien de ce qui s’est fait ne
s’est fait sans lui.
IV.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des
hommes ;
V.
La
lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont par arrêtée.
VI.
Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
VII.
Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la
Lumière, afin que tous croient par lui.
VIII.
Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour
lui rendre témoignage.
IX.
Le Verbe
était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
X.
Il était dans le monde, lui par qui le monde s'était
fait, mais le monde ne l'a pas reconnu.
Les parallèles théologaux entre les deux textes cités
ci-dessus sont plus que frappants. Il ne serait pas surprenant que les scribes
de l’église de Rome se soient inspirés de la sapience contenue dans des
manuscrits antérieurs pour la création de leurs saintes écritures. La
falsification des saintes écritures était un jeu d’enfant avant l’invention de
l’imprimerie au XVème siècle et les mystificateurs, ayant soif de
suprématie, manièrent cette pratique avec le succès que l’on connait. Ce n’est
d’ailleurs plus un secret de savoir que les 10 commandements, supposément
délivrés à Moïse sur le mont Sinaï, ne sont qu’un plagiat du paragraphe 1:125
du livre des morts égyptiens. Toute la théologie judéo-chrétienne n’est qu’une
pâle copie des préceptes des adorateurs du neter
à l’unique œil vert ; Horus, le porteur de Lumière égyptien. Rien de
nouveau sous le soleil, les Hébreux, n’ont fait que recycler ce qui existait
déjà. C’est pourquoi les textes bibliques et les évangiles synoptiques ne
pourront jamais être considérés comme des vérités historiques et des références
théologiques indiscutables.
Même altérés, ces textes recèlent néanmoins des trésors
insoupçonnés sur lesquels il serait bon de se pencher. Par exemple, l’exégèse
de l’apocalypse (apocalypsis
se traduit du grec par révélation, et
n’a rien en commun avec l’eschatologie), l’autre texte attribué à Saint-Jean, tisse
de très nombreuses corrélations avec l’évangile Gnostique de Cérinthe et avec
certains textes apocryphes comme le livre d’Hénoch ou le livre d’Ezéchiel. Dans
un sens, la volonté d’incorporer cette connaissance ancestrale au message de
l’apôtre favori du Christ valide la crédibilité de la Gnose traditionnelle, de
la puissance initiatique qu’elle colporte et surtout met en évidence une origine
commune, une tradition primordiale.
Ceci dit, revenons aux vers de la table d’émeraude.
~
De prime abord, ce qui frappe notre attention est le
concept totalement novateur qu’une Force (le Verbe dans Saint-Jean) serait liée à la création du monde, à
l’action du soleil (symbole de la Lumière) et à la médiation de l’unité.
Curieusement, le prix Nobel de physique en 1919, Max Planck réactualisa cette
proposition au début du XXème siècle dans la déclaration
suivante : “ Toute matière n’existe
qu’en vertu d’une Force qui fait vibrer les particules et maintient ce
minuscule système solaire de l’atome. Nous devons assumer derrière cette Force
l’existence d’une conscience et d’un Esprit intelligent. Cet Esprit est la
matrice de toute matière.”
Ne nous méprenons pas, c’est bel et bien l’existence de
dieu qui est suggéré par cette sommité de la communauté scientifique, et la
réalité de champs inaccessibles, indescriptibles et incommensurables ne peut
plus être regardée d’un œil utopique. Après de longs siècles d’ineptie
religieuse, la science se réconcilie enfin avec le théisme, c’est-à-dire en assimilant la création à la volonté d’une
conscience intelligente, d’un démiurge.
Grace à ses révélations sur la Force, la table d’émeraude attire l’attention sur la supériorité
de la vision Hermétique ; là où nos pairs se limitent à une science des effets,
matérielle, nos ancêtres surpassaient le monde intelligible et se concentraient
directement sur la cause de la manifestation, spirituelle, en dehors de
l’espace et du temps.